Le club des polarophiles québécois

Les enfants du massacre (de Giorgio Scerbanenco)

RP (avril 2012)


En un coup d'oeil

massacre
  • Date de publication originale : 1969 (I ragazzi del massacro).
  • Date de l'édition française : 1969 (Plon) - Réédition poche avec nouvelle traduction  : 2011 (Rivage/noir).
  • Genres : Roman noir, policier.
  • Mots-clés : Délinquants, enseignante, services sociaux.
  • Personnage principal : Duca Lamberti policier à Milan et ancien médecin.
  • Résumé et critique : sur Noir Bazar

À mon avis

« Elle est morte il y a cinq minutes ». Celle qui vient de mourir est une jeune enseignante motivée qui donnait des cours du soir à une bande de délinquants, âgés de 13 à 20 ans. Ces jeunes l’ont sauvagement agressée, violée, torturée et finalement tuée avant de rentrer tranquillement chez eux. Bien sûr la police n’a aucune difficulté pour venir les récupérer à leur domicile et les amener en prison. Lors de leur interrogatoire tous ont la même méthode de défense : ils reconnaissent avoir été présents mais déclarent n’avoir pas participé au carnage. Chacun était un simple spectateur impuissant, c’est les autres qui l’ont assassinée, pas eux. Cette défense est répétée tranquillement 11 fois, autant de fois qu’il y a de voyous. C’est Duca Lamberti, ancien médecin, maintenant révoqué, qui mène les interrogatoires. Il ne tarde pas à s’apercevoir que les meurtriers ne sont ni assez malins ni assez intelligents pour avoir mis au point ce système de défense astucieux. Il faut chercher ailleurs l’instigateur du massacre de l’enseignante.

Le point de départ du récit est original. On connaît d’entrée les coupables ou plus exactement le groupe de coupables. Mais pris individuellement chacun se veut innocent. Toute la difficulté de l’enquête consiste à établir le rôle exact de chaque garçon et surtout de découvrir si derrière ces sauvages quelqu’un n’aurait pas agi dans l’ombre et dans quel but. C’est avec une grande habileté que l’auteur déroule l’histoire qui retient jusqu’au bout toute l’attention du lecteur. Il en profite au passage pour faire un constat nuancé sur le fonctionnement des services sociaux et sur les conditions sociales et familiales qui engendrent la délinquance.

Les personnages sont typés et bien dessinés. Celui de Duca Lamberti est particulièrement réussi avec ce mélange de confiance en soi et de vulnérabilité. C’est un policier original qui ne pense pas comme les autres, il faut dire que peu de policiers ont un passé de médecin. L’écriture est de bonne qualité, bien servie par cette nouvelle traduction. La fin est une vraie tragédie d’une noirceur magnifique. Un chef-d’œuvre du genre.

C’est un très bon roman, ancien (43 ans depuis sa première édition) à qui une nouvelle traduction et une nouvelle édition ont redonné la jeunesse. Il n’a pas du tout perdu de sa force et peut se relire comme s’il était actuel, nouvelles technologies en moins : pas de téléphones portables, pas ordinateurs, pas d’Internet … mais une belle, tragique et sombre histoire !

Ma note : 4,5 / 5