Le club des polarophiles québécois

Brigitte Aubert

Une âme de trop
Reflets de sang

Une âme de trop

JH (mars 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

Avec une carrière parallèle de scénariste de courts métrages et d'auteure de romans jeunesse, la Cannoise Brigitte Aubert a publié, depuis 1992 (Les quatre fils du docteur March), une vingtaine de polars, dont La mort des bois, qui lui valut, en 1997, le Grand prix de littérature policière. Depuis 2000, la production s'accélère, à raison d'au moins deux romans par année. Romancière éclectique, capable du meilleur et du pire, elle se promène du roman d'espionnage au roman psychologique, en passant par le roman d'aventures et la chick lit.

Une âme de trop laisse des impressions mitigées. Roman original, pour sûr. D'abord par son écriture vive, pétillante, souvent drôle: la narration est un soliloque, très au fil de la pensée, du personnage principal, une infirmière en congé de maladie qui, agoraphobe, s'enferme chez elle et se construit une vie sociale sur Internet. Cet environnement ouaté devient cependant menacé à mesure que se multiplient les meurtres de femmes qui lui ressemblent ou ont un lien avec elle. Un résumé de l'intrigue est ici.

Le roman progresse comme un whodunit classique, avec son lot d'hypothèses, d'indices, de fausses pistes, mais quelque peu déjanté par la psychologie du personnage principal, qui ne manque ni de caractère ni d'originalité. Et si la première finale est relativement prévisible, la seconde, la vraie, est complètement inattendue et force à regarder rétrospectivement l'ensemble du roman dans une toute nouvelle optique. Mon ami Michel ronchonnera contre le coup bas ou la tricherie de la romancière, mais bon, reconnaissons que la grande Agatha Christie en avait fait des pires! Un tout petit indice: le titre du roman (délibérément choisi par l'auteure et qui ne doit donc rien à un quelconque traducteur) n'est pas innocent et ne se comprend vraiment qu'à la fin.

Tout original qu'il soit, le roman n'est pourtant pas sans défauts. Le parti-pris narratif, s'il séduit au début, finit par devenir lassant; en ne nous épargnant aucune des pensées du personnage principal, on doit évidemment se taper beaucoup d'insignifiances (bon système pour dissinuler des indices!) et le roman souffre vite de longueurs. Ensuite, les invraisemblances des relations d'Élvira avec les autres personnages, même si elles se résolvent à la fin, deviennent agaçantes, tout comme les piétinements de l'enquête amateur d'Elvira, qui tourne longuement en rond avant de se préciser.

Bref, le début et la fin méritent un 4, à mon avis. Le milieu, un 3. D'où ma note.

Ma note: 3,5 / 5


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Reflets de sang

Reflets de sang

JH (mars 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

Capable du meilleur et du pire, vous disais-je ci-dessus. Alors, cette fois, nous sommes carrément dans le pire. C'est l'intrigue canonique du polar de chick lit - à se demander s'il n'y aurait pas là un second degré d'intention parodique. Émilie, femme entretenue et oisive, mène une vie de parasite dans son château dans l'adoration d'Arnaud, son Prince charmant de mari. Évidemment, celui-ci a quelques cadavres soigneusement planqués dans son placard, ou plus exactement dans son grenier, sous les combles de la maison. Mais, bien sûr, les apparences sont contre lui. Quoique ...

Cette intrigue banale et squelettique essaie d'attacher ensemble un bavardage assommant, qui nous détaille la vie de cocotte chic d'Émilie: soins esthétiques, fitness, galeries d'art, shopping, dîners en ville avec les copines, coiffure, maquillage, sexe soft et amour éperdu pour son mec. Des dialogues fort naturels dans leur insignifiance, à croire qu'on les a enregistrés et transcrits tels quels, sans aucune forme d'élagage. Quelques meurtres de mannequins, histoire de dire qu'on reste malgré tout dans le polar, des bribes d'enquête et une finale parfaitement stéréotypée. À oublier au plus vite et à vous dégoûter pour un bout de temps de Brigitte Aubert.

Ma note: 1/5