Jesse Kellerman

Les visages
Jusqu'à la folie

Les visages
JH (mars 2009)


Publication: 2008 (édition française: 2009)
Genre: polaroïde
Résumé et critique: ici.

À mon avis

Jesse Kellerman a de qui tenir: son père (Jonathan) et sa mère (Faye) sont tous deux auteurs de polars, et plutôt bons. Ce premier roman, quasi unanimement encensé par la critique, m'a pourtant laissé avec des sentiments mitigés.

On comprend assez tôt que l'on n'a pas affaire à un authentique polar, mais à un roman prétexte à un trip d'écrivain. Et Kellerman a effectivement un grand talent de styliste. Narré à la première personne, avec de fréquentes interpellations du lecteur, il oscille entre la galerie de personnages (fort bien typés), la chronique du monde des galeries d'art de New-York, la réflexion sur le métier d'artiste et la généalogie, avec des flashbacks s'étalant sur quatre générations.

Bon, ce n'est pas un drame, et il existe d'excellents polaroïdes. Et le roman tient la route jusqu'à peu près la moitié. Mais, à partir de là, c'est comme si l'auteur avait perdu le contrôle de son intrigue, la laissant partir dans toutes sortes de directions, à mesure que le focus se déplace d'Ethan, le narrateur contemporain, à Victor, le peintre mystérieux que l'on suit alors depuis sa petite enfance dans un cheminement tortueux qui croise à de multiples reprises dans le passé celle de la famille d'Ethan.

Bien sûr, le tout est ficelé assez correctement dans le dernier chapitre. Mais il y a belle lurette que l'auteur a semé les lecteurs épris de rigueur dans la construction d'une intrigue. Les autres, plus sensibles au formalisme littéraire et à l'originalité stylistique, auront sans doute inspiré les très élogieuses critiques qu'on retrouve en général sur les blogues.

Ma note: 3,5 / 5


Les visages
Jusqu'à la folie

Jusqu'à la folie
JH (novembre 2011)

Publication: 2007 (édition française: 2011)
Genre: polaroïde
Résumé et critique: ici.

À mon avis

Même s'il a été écrit avant Les visages (ci-dessus), ce roman est publié en français dans la foulée du succès du premier, stratégie classique de l'éditeur qui surfe sur la vague. Mais ce n'est pas une arnaque, cette fois, puisque ce roman est sensiblement de la même qualité que l'autre, avec les mêmes caractéristiques et les mêmes limites.

Étudiant en médecine, Jonah Stem, alors qu'il se promène un soir dans Manhattan, se porte sans réfléchir au secours d'une jeune femme en train de se faire poignarder. Première complication: l'agresseur est tué dans la bagarre. Mais la vraie complication, c'est que la jeune femme, reconnaissante, va nouer avec Jonah une relation torride. Sauf que cette femme a tout de la mante religieuse et que s'en libérer va s'avérer une tâche titanesque.

L'intrigue tient à peu près dans ces quelques lignes, prétexte à un feu d'artifice d'écriture où Kellerman se fait plaisir. Le style est brillant et comporte de nombreux morceaux de bravoure, mais quelque peu gratuits. Le problème est celui du ton: si ça se veut humoristique par les excès des personnages et des situations, ce n'est pas vraiment réussi car l'histoire n'a rien de spécialement drôle; si ça se veut psychologique, il y a trop d'excès et de distanciation stylistique pour que le lecteur développe une empathie envers les malheurs du personnage. Kellerman semble avoir bien balisé la niche quelque peu bâtarde dans laquelle il s'est installé depuis deux romans. Si vous êtes attirés par une écriture brillante et les trouvailles hyperboliques, vous aimerez probablement. Mais si la cohérence romanesque et la crédibilité des personnages vous importe, vous en resterez, comme moi, à un 3,5 et vous irez voir ailleurs à son prochain roman.

Ma note: 3,5 / 5

Les visages
Jusqu'à la folie