Joe R. Lansdale

Vierge de cuir
Du sang dans la sciure
Les marécages

Vierge de cuir

JH (septembre 2009)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2008 (Leather Maiden)
  • Date de l'édition française: 2009 (Éd. du Rocher, 342p)
  • Genre: roman noir
  • Mots-clés: chantage, torture.
  • Personnage principal: Cason Stalter, journaliste.
  • Résumés et critiques: Pol'Art noir et Le vent sombre.

À mon avis

Je ne connaissais pas cet auteur. J'apprends qu'il a écrit plus d'une douzaine de romans (enfin, ceux qui ont été traduits en français). Cinq d'entre eux sont des polars plutôt humoristiques mettant en scène un duo déjanté d'enquêteurs. Les autres sont des romans noirs classiques, parmi lesquels Les marécages, qui a remporté en 2002 le prix Edgar Allan Poe. Et après la lecture de Vierge de cuir, j'irai certainement y jeter un coup d'oeil.

(Note d'octobre 2009: c'est fait: voir ci-dessous ma note sur Du sang dans la sciure)

Le titre provient de l'apparence d'un cadavre qu'on a visiblement salé et congelé pour le momifier avant de le balancer dans la nature. Le tout se passe dans une petite ville du Texas où le journaliste Cason Stalter, ancien nominé au Pulitzer mais en déchéance, vient de se trouver du boulot à la feuille de chou locale. En mal de chroniques, il décide de s'intéresser à la disparition d'une adorable jeune fille, que la police n'a jamais résolue, même des mois plus tard. Et quand il va soulever les bonnes pierres, il aura besoin de l'aide de son ancien pote du Vietnam pour faire le sale boulot de justice que son coeur trop tendre ne lui permet pas de faire seul.

L'intrigue est correcte, même si, à partir de la moitié du roman, elle devient prévisible. Nous ne sommes pas dans le thriller à rebondissements ni dans l'énigme décodée dans les dernières pages. Le moteur, c'est la détermination avec laquelle Cason, son frère, sa copine et son pote vont découvrir puis affronter les criminels, qui sont bien décidés à préserver une magouille meurtrière qui leur permet à la fois de faire des sous et de satisfaire leurs perversions. Pas de rebondissements, donc, mais beaucoup d'action et plusieurs scènes violentes, mais sans complaisance.

L'intérêt vient ici des personnages, tous bien typés et savoureux pour la plupart. Cason, notamment, cache un coeur tendre et un sens moral aigu derrière une allure de paumé et un humour décapant. Même si l'intention première de ce polar n'est pas humoristique, les réflexions de Cason se font sur le mode décalé et dans une langue très imagée. Et plusieurs répliques sont franchement drôles, même si elles finissent par sentir le procédé.

Bref, une lecture intéressante à défaut d'être passionnante, largement soutenue par le style d'écriture original de Lansdale.

Ma note: 4/5


Vierge de cuir
Du sang dans la sciure
Les marécages

Du sang dans la sciure (critique express)

JH (octobre 2009)

À mon avis

J'avais apprécié, dans Vierge de cuir, le style très personnel de Lansdale. Assez pour aller y voir de plus près, avec ce Du sang dans la sciure. Les deux romans sont très différents, mais le niveau de qualité se maintient. Un polar assez mince, avec une intrigue qui est surtout un prétexte à la chronique d'une époque dans l'East Texas et à des portraits psychologiques de personnages attachants. Mais comme roman psychologique et social, cela vaut le détour.

Cliquez sur ce lien : le résumé et les deux critiques sont excellents. Je n'ai rien à y ajouter.

Ma note: 4/5


Vierge de cuir
Du sang dans la sciure
Les marécages

Les marécages

RP (Raymond Pédoussaut) - (août 2010)

En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2002
  • Date de l'édition française: 2006 (Folio)
  • Genre: suspense
  • Mots-clés: Marécages, ségrégation raciale, Ku Klux Klan, Ambulant, Homme-Chèvre.
  • Personnages principaux: Harry jeune garçon de 13 ans; Tom sa jeune sœur de 9 ans; leurs parents.
  • Résumé et critique: ici.

À mon avis

L'action se déroule en 1933, époque de la Grande Dépression. Marvel Creek est une petite ville dans l'East Texas où la famille du narrateur, Harry, vit tant bien que mal, comme le reste de la population. La maison de la famille est située en bordure d'une forêt luxuriante au milieu de laquelle coule une rivière et où de nombreux marécages sont présents. Là vivent toutes sortes de bêtes plus ou moins sympathiques, de l'écureuil au mocassin d'eau, en passant par le cerf et l'opossum. On y trouve même le légendaire Homme-Chèvre, créature maléfique, sorte de loup-garou local. C'est le terrain de jeu de Harry et de sa sœur Tom. C'est en parcourant cette forêt que Harry découvre le cadavre d'une femme noire suppliciée. Le père de Harry, Jacob, est constable, c'est-à-dire représentant local de la loi mais avec des pouvoirs limités. Avec ses maigres moyens, Jacob essaie d'enquêter mais la population blanche n'est guère motivée pour découvrir le coupable puisque la victime est noire et qu'il lui parait évident que le meurtrier est aussi noir. Quant à la communauté noire elle préfère préserver sa tranquillité plutôt que de réveiller l'hostilité des blancs. La découverte d'un deuxième cadavre, noir lui aussi, ne changera pas grand-chose. On parle d'un « Ambulant », personne de passage, qui aurait pu faire le coup et Harry, lui, soupçonne l'Homme-Chèvre.

Quelques cadavres plus tard, la population blanche va enfin réagir à sa façon, en désignant un coupable, noir, bien sûr. Sans preuve, sans enquête, elle va appliquer une justice expéditive qui va la calmer et la conforter dans sa position de race dominante. Les meurtres vont cesser … pendant un certain temps !

Jusqu'à ce qu'une nouvelle dépouille soit découverte et en plus elle est blanche celle-là !

Lansdale nous livre ici un polar étonnant qui a son côté classique avec ses meurtres en série et son dénouement final mais qui en plus décrit parfaitement la vie d'une petite bourgade de l'Amérique profonde avec ses personnages haut en couleurs, les jalousies, les lâchetés, la ségrégation raciale. La présence forte de l'environnement (la forêt et les marécages) apporte un climat de mystère qui est encore renforcé par l'évocation d'une créature légendaire: l'Homme-Chèvre.

On pourrait classer ce livre dans les rubriques : policier, thriller, roman à suspense, chronique sociale, livre historique, roman noir, et même Nature Writing. Comme il fallait choisir, j'ai opté pour suspense mais un autre choix n'aurait rien de choquant car il y a toutes ces diverses facettes dans cet ouvrage.

Le style est très agréable, à la fois faussement naïf et humoristique. La nostalgie et l'ironie apparaissent également suivant les passages.

Un excellent polar et à mon avis plus qu'un polar.

Joe R. Lansdale, est né en 1951 au Texas. Dans la tradition américaine, il a exercé plusieurs métiers avant de se consacrer à l'écriture : il a été chercheur d'or, charpentier, plombier, fermier. Plusieurs de ses romans mettent en situation un duo atypique : les deux détectives Hap Collins et Leonard Pine, le premier, blanc et hétéro, le second, noir et homo.

Ma note: 4,5 / 5