Nick Stone

Tonton Clarinette
Voodoo Land

coupdecoeurTonton Clarinette (de Nick Stone)

RP (Janvier 2012)


En un coup d'œil

tonton
  • Date de publication : 2006 (Mr Clarinet).
  • Date de l'édition française : 2008 (Gallimard) et 2010 (Folio)
  • Genres : Roman noir, Thriller
  • Mots-clés : Haïti, disparitions, réseaux pédophiles, vaudou
  • Personnage principal : Max Mingus détective privé
  • Résumé : sur encoredunoir 
  • Prix : Ian Fleming Steel Dagger 2006 - Macavity Award 2007 du meilleur premier roman - Prix SNCF du polar européen 2009

À mon avis

Max Mingus vient de purger huit années de prison pour avoir abattu trois voyous quand il était détective privé. A sa sortie il est sollicité avec insistance par un riche homme d’affaire pour qu’il retrouve son fils disparu depuis deux ans en Haïti. Dans un premier temps il refuse l’offre, trouvant la démarche inutile, vu le temps écoulé depuis la disparition, puis il finit par l’accepter parce que la récompense est importante et qu’il lui faut retrouver du travail pour vivre. C’est en Haïti qu’avant lui d’autres enquêteurs ont tenté de retrouver le garçon. Ils ont tous mal fini. C’est en Haïti aussi qu’a été expulsé son pire ennemi, Solomon Boukman, un chef de gang, baron de la drogue, proxénète, kidnappeur, assassin d’enfants et tueur en série. Haïti n’est pas une terre d’accueil pour Max Mingus mais il faut bien gagner sa vie en sortant de taule.

Nick Stone décrit formidablement bien Haïti et plante parfaitement le décor de l’action : la misère, les hordes d’enfants, un puissant roi de bidonville, le chaos et l’insécurité. Les croyances, la magie noire, la magie blanche, la façon dont vaudou est mêlé à tous les aspects de la vie des Haïtiens, tout cela est parfaitement bien rendu. La tâche de Max : retrouver l’enfant, déjà difficile au départ, est encore plus compliquée dans ce cadre inconnu et hostile. L’auteur sait rendre palpable cette impression de danger permanent. Il est vrai qu’il sait de quoi il parle puisque sa mère est haïtienne et que lui-même a souvent séjourné dans ce pays.

Le personnage principal, Max Mingus, est un homme au passé douloureux. Il vient de tirer huit ans de prison et pendant son incarcération sa femme s’est tuée en voiture. C’est maintenant un homme solitaire, dur et costaud mais il est aussi psychologue, il sait observer et analyser les comportements des individus. Ce n’est pas un héros inoxydable dont on sait par avance qu'il triomphera et se sortira de tout sans une égratignure. Il a ses faiblesses, il connaît l'angoisse et la peur. Le personnage est campé avec précision par l’auteur, il est tout à fait crédible. Les personnages secondaires sont également très bien décrits.

Le roman est remarquablement bien écrit (et traduit). Le scénario est impeccablement construit. La progression de l’intrigue est à la fois linéaire et marquée par quelques surprises et rebondissements soigneusement aménagés, tout en préservant la vraisemblance de l’histoire. Pour un premier roman, Nick Stone fait preuve d’une maîtrise étonnante en ce qui concerne l’écriture, le scénario et les personnages. C’est un auteur à suivre. Si son deuxième roman confirme la qualité de ce premier, cet auteur devrait s'imposer rapidement dans le milieu du polar, pourtant pas mal encombré.

Nick Stone est né à Cambridge le 31 octobre 1966. Il est le fils d'un historien écossais et d'une descendante de l'une des plus anciennes lignées d'Haïti. Dès l'âge de six mois, Nick Stone est envoyé auprès de ses grands-parents d'Haïti, chez qui il restera jusqu'à l'âge de quatre ans. En Angleterre il étudie l'Histoire à l'université de Cambridge. Il revient régulièrement en Haïti. C'est lors d'un séjour sur l'île, en 1996, qu'il écrit ce premier roman : Mr Clarinet (Tonton Clarinette).

Ma note : 5 / 5 et coup de cœur

Tonton Clarinette
Voodoo Land

Voodoo Land (de Nick Stone)

RP (Août 2012)


En un coup d'œil

 voodoo
  • Date de publication : 2007 (King of Swords)
  • Date de l'édition française : 2011 (Série Noire Gallimard)
  • GenresPolicier - Thriller
  • Mots-clés : Vaudou, zombis, Miami
  • Personnages principaux Max Mingus et Joe Liston policiers à Miami
  • Résumé et critique : sur actu-du-noir

À mon avis

Miami en 1981. La ville qui était tranquille et agréable se transforme en un réservoir de délinquance. De nombreux immigrants cubains et haïtiens ont métamorphosé des quartiers entiers. Le narcotrafic fait rage et les rivalités entre les bandes de trafiquants provoquent de nombreux morts. Dans ce contexte de violence, un chef de police, Eldon Burns, a crée une unité spéciale, la MTF (Miami Task Force), un groupe d’élite de la police de Miami qui s’est donné pour but de nettoyer la ville. Les méthodes utilisées ne s’encombrent pas du respect des lois : les fausses preuves permettent d’emprisonner des mafieux importants mais faux coupables, tandis qu’on règle discrètement le compte des vrais responsables dont le pedigree est moins flatteur pour les résultats de la police. Max Mingus est un ces policiers de la MTF. Son équipier, Joe Liston, n’en fait pas partie et en plus il ne supporte pas les agissements de la MTF. Mais les deux policiers sont liés par une amitié forte. Ils enquêtent ensemble sur une affaire qui les mènera sur les traces de Salomon Boukman, un truand de haut niveau, auréolé d’un mythe entretenu : il possèderait des pouvoirs surnaturels comme se déplacer furtivement, sans se faire remarquer et disparaître de la vue des gens. Les croyances vaudou ne font qu’amplifier la peur qu’inspire ce personnage.

L’écriture est efficace sans fioritures. L’auteur fait un gros usage des acronymes : MTF (Miami Task Force) – BD (Base de Données) – CBSS (le Club des Barons du Samedi Soir) c’est le cérémonial macabre qui transforme un homme en zombi – PSN (Perception sensorielle du Nègre) c’est l’intuition des noirs selon Joe Liston. Les surnoms aussi sont nombreux : Puissance 6, nom donné par Joe liston au chef de la MTF – Fée Scato, un politicar au service du maire, homme à tout faire des missions douteuses et remueur de merde – Bonbon, l’homme de main psychopathe et cruel qui engloutit des tas de saloperies sucrées. Tout cela contribue à créer une ambiance de polar dure mais avec une pointe d’humour.

C’est un narrateur extérieur qui raconte l’histoire et non les personnages eux-mêmes. Les protagonistes entrent en scène par chapitres alternés de longueur variable. Le rythme de l’histoire est bien soutenu et la tension va grandissant jusqu’à une fin qui n’en est vraiment pas une mais plutôt une mise en attente d’une suite qui ne devrait pas tarder. L’auteur sait créer cette ambiance glauque où l’irrationnel côtoie la magouille et la corruption dans une ville en pleine mutation. Les policiers, les politiciens et les malfrats s’affrontent ou s’entendent suivant leurs intérêts et ambitions. C’est une vision noire du monde.

Ce roman est le second de Nick Stone mais chronologiquement l’histoire se situe avant celle de son premier roman Tonton Clarinette. Cependant les deux histoires ne se rejoignent pas complètement : la fin de Voodoo Land ne s’imbrique pas bien avec le début de Tonton Clarinette, laissant la place à un, ou plusieurs, livre(s) pour faire la jointure. L’histoire ne se finit pas réellement, il faudra probablement attendre un prochain roman pour la connaître. C’est un procédé que je déteste. On tombe dans le roman feuilleton, c’est la facilité quand on est incapable de ficeler complètement une histoire par bouquin, on élabore une longue histoire répartie sur plusieurs livres. Ça fidélise le lecteur ! Cette impression aussi qu’après le succès de Tonton Clarinette, l’auteur en fait un peu trop. Il utilise des grosses ficelles du paranormal quand il suggère que le truand Boukman est quasiment insaisissable, presque invisible et possédant le don d’ubiquité ou lorsqu’il expose les dons divinatoires de la prêtresse vaudou. Autre facilité utilisée par Nick Stone : la présence de la femme qui va rendre le héros, Max Mingus, vulnérable. Celle-là on nous l’a servie souvent !

Malgré ces réserves c’est un thriller palpitant qui fait passer un bon moment, mais à mon avis nettement en dessous du premier livre de l’auteur : Tonton Clarinette qui est moins grand spectacle mais plus profond, surtout en ce qui concerne la description de Haïti. Voodoo Land est un bon polar sans être exceptionnel.

Ma note : 4 / 5
Tonton Clarinette
Voodoo Land