Peter Robinson

Etrange affaire
L'amie du diable

Étrange affaire (de Peter Robinson)

JH (31 janvier 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

Né en 1950, Peter Robinson est né en Angleterre, mais a passé toute sa vie d'adulte à Toronto, ce qui en fait un auteur de polar canadien, techniquement. Mais ses 19 romans (la moitié environ sont traduits en français), mettant en vedette l'inspecteur Banks, se déroulent pratiquement tous dans la petite ville d'Eastvale, dans le Yorkshire. Il a remporté le Grand prix de littérature policière pour Saison sèche, en 2001.

Étrange affaire est le 16e roman de la série, et je ne connais pas ou peu les précédents. On peut vraiment parler d'une série, car, même si l'histoire proprement policière est autonome, le roman est plein de références à des enquêtes précédentes et aux divers épisodes passés de la vie tumultueuse de l'inspecteur Banks (et, accessoirement de sa collègue Annie Cabot). Cela n'empêche pas la lecture, mais il aurait été nettement préférable que j'aie lu quelques-uns des romans précédents.

Deux enquêtes parallèles qui finissent par se rencontrer. Banks reçoit un appel catastrophé de son frère (avec qui il avait gardé peu de contacts), mais, quand il se pointe chez lui, le frangin a disparu sans laisser d'adresse. Pendant ce temps, Annie Cabot, qui garde le fort à Eastvale pendant les vacances de Banks recherche le meurtrier d'une jeune femme assassinée dans son auto et porteuse de l'adresse de Banks (et celui-ci n'a évidemment jamais entendu parler d'elle). Un résumé de l'intrigue est ici.

Robinson, qui a remporté une collection impressionnante de prix, a ses adeptes et est considéré comme une des maîtres du police procedural. Je ne me risquerais pas à porter un jugement sur l'ensemble de son oeuvre sur la base de ce seul roman, mais disons que lire les autres ne fera pas partie de mes priorités. Étrange affaire est un whodunit ultra-classique, avec les meurtres posés dès le début et le reste du roman passé à interroger des témoins et à suivre des pistes. La quantité de personnages fait d'ailleurs perdre le fil, puisque l'on fait le tour de toutes les connaissances des victimes, sans nous épargner les minutes de l'interrogatoire. L'intrigue est correctement ficelée, mais les énormes longueurs finissent par éteindre l'intérêt. La dimension psychologique (les réflexions et introspections de Banks) prend beaucoup d'importance. J'imagine qu'on l'apprécie si on connaît déjà le personnage et que l'on est en mesure de suivre son évolution. Mais pour une lecture isolée, cela ralentit la lecture plus qu'autre chose, dans un roman au rythme déjà lent.

Un rythme d'une telle lenteur s'admet très bien dans un suspense, quand une menace rôde et se précise, quand un piège se tend et se referme. Mais dans une enquête de police classique, où on ne fait qu'éclaircir la complexité d'une situation initiale qui n'évolue guère par la suite, c'est plus une hypothèque qu'un atout. Heureusement que Robinson écrit bien; sinon, ce serait carrément un pensum.

Ma note: 3/5


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Etrange Affaire
L'amie du diable

L'amie du diable (de Peter Robinson)

RP (Raymond Pédoussaut) - Décembre 2010


En un coup d'oeil


À mon avis

En Angleterre, dans le Yorkshire, deux assassinats sont commis le même jour. Une jeune étudiante a été violée et étranglée dans une ruelle étroite située dans ce qui est appelé le Labyrinthe de la petite ville d’Eastvale. L’inspecteur Alan Banks prend en charge l’enquête. Au bord d’une falaise, une femme paraplégique, a été découverte, égorgée, dans son fauteuil roulant. Cette enquête est confiée à l’inspecteur Annie Cabbot. Bien évidemment les deux enquêtes vont finir par se recouper, Banks et Annie vont travailler ensemble. Ils vont faire le lien avec une affaire ancienne, vieille de 18 ans.

Banks, la cinquantaine bien sonnée est divorcé et il habite seul une fermette où il décompresse en écoutant de la musique et en buvant un bon vin. Annie Cabbot, la quarantaine inquiète, a été la maîtresse de Banks pendant un certain temps mais ça n’a pas marché, ils se sont séparés en restant amis. Annie est un peu paumée sentimentalement et elle a tendance à faire n’importe quoi, ensuite elle culpabilise beaucoup.

Les impératifs de rentabilité de la société occidentale moderne et capitaliste ne semblent pas avoir atteint le Yorksire : contrairement au polar américain, ici pas beaucoup de pression de la hiérarchie sur le temps de résolution de l’affaire ni de politicien songeant à sa réélection pas plus que de journalistes fouineurs. Les policiers ont le temps de mener une enquête minutieuse, analysant les détails, recueillant tous les témoignages, remontant lentement vers la vérité. Tout au plus ce qui peut perturber les enquêtes, c’est les animosités entre flics ou les relations sentimentales des policiers.

Comme d’habitude, chez Robinson, les personnages sont attachants. Les flics sont profondément humains, ce ne sont pas des super héros, ils ont des doutes, des faiblesses, des petites habitudes mais ils sont intelligents, tenaces et ils finissent par résoudre les affaires.

Rythme lent, enquête minutieuse, décor de ville de province, on n’est pas dans un thriller tendu. C’est une ambiance British pas Amerloque ! Cela n’empêche pas une fin assez sombre, digne d’un roman noir.

Ceux qui aiment les enquêtes bien ficelées seront satisfaits, ceux qui aiment les rebondissements, la tension permanente, resteront sur leur faim. Pour ma part j’aurais aimé un peu plus d’action et de rythme et un peu moins d’explications pour éviter les passages où l’intérêt faiblit. On ne s’ennuie pas franchement mais on a tendance à lâcher le fil de l’histoire en se perdant parmi les personnages trop nombreux. Le livre se laisse lire sans déplaisir mais sans grand enthousiasme non plus.

Ma note : 3 / 5