Critique express

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Publication Auteur Titre Genre
Note
2008/2009f
Jesse Kellerman Les visages Polaroïde
3,5

À mon avis

Jesse Kellerman a de qui tenir: son père (Jonathan) et sa mère (Faye) sont tous deux auteurs de polars, et plutôt bons. Ce premier roman, quasi unanimement encensé par la critique, m'a pourtant laissé avec des sentiments mitigés.

On comprend assez tôt que l'on n'a pas affaire à un authentique polar, mais à un roman prétexte à un trip d'écrivain. Et Kellerman a effectivement un grand talent de styliste. Narré à la première personne, avec de fréquentes interpellations du lecteur, il oscille entre la galerie de personnages (fort bien typés), la chronique du monde des galeries d'art de New-York, la réflexion sur le métier d'artiste et la généalogie, avec des flashbacks s'étalant sur quatre générations.

Bon, ce n'est pas un drame, et il existe d'excellents polaroïdes. Et le roman tient la route jusqu'à peu près la moitié. Mais, à partir de là, c'est comme si l'auteur avait perdu le contrôle de son intrigue, la laissant partir dans toutes sortes de directions, à mesure que le focus se déplace d'Ethan, le narrateur contemporain, à Victor, le peintre mystérieux que l'on suit alors depuis sa petite enfance dans un cheminement tortueux qui croise à de multiples reprises dans le passé celle de la famille d'Ethan.

Bien sûr, le tout est ficelé assez correctement dans le dernier chapitre. Mais il y a belle lurette que l'auteur a semé les lecteurs épris de rigueur dans la construction d'une intrigue. Les autres, plus sensibles au formalisme littéraire et à l'originalité stylistique, auront sans doute inspiré les très élogieuses critiques qu'on retrouve en général sur les blogues.


JH (novembre 2009)