Le club des polarophiles québécois

Actionnaire principal (de Petros Markaris)

JH (avril 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2006
  • Date de l'édition française: 2009 (Seuil, 381p)
  • Genre: procédure policière.
  • Mots-clés: prise d'otages, publicité.
  • Personnage principal: Kostas Charitos, inspecteur de police à Athènes
  • Résumé et critique: ici

À mon avis

Un polar grec, une rareté. Mais il semble que Petros Markaris en soit un vieux routier, puisqu'il a publié au moins trois autres romans avant celui-ci, dont Le Che s'est suicidé, mettant en vedette l'inspecteur Charitos.

L'argument est original: un serial killer s'en prend à des stars de la pub, réclamant la disparition de toute forme de réclame à la télé et à la radio grecques. Avec la panique que l'on imagine au sein des cénacles audiovisuels et des agences de publicité. Charitos essaie d'y voir clair, mais il est aussi préoccupé par le sort de sa fille, prise en otage avec 300 passagers à bord d'un paquebot par des terroristes nationalistes. Les deux préoccupations de l'inspecteur se croisent et se développent, jusqu'à ce qu'elles soient reliées par un lien de causalité - vous l'aurez deviné- au tout dernier chapitre.

Les personnages sont sympathiques et bien croqués et les amateurs d'exotisme seront servis avec cette intrigue bien enracinée à la fois dans les rues d'Athènes et au large de la Crète. On s'y perd un peu dans tous ces noms en -akis, -idis et -poulos, et les références à l'histoire grecque du dernier demi-siècle forceront quelques recherches sur Wikipedia, mais, contrairement à beaucoup de reportages du National Geographic déguisés en polars, le contexte géographique est bien intégré et ne ralentit pas indûment la progression de l'enquête. Et, au-delà de l'exotisme, on retrouve les universelles luttes de pouvoir au sein des hiérarchies politiques et policières, les jeux d'influence et les petitesses humaines.

Il y a quelques irritants: si l'enquête progresse bien, c'est trop souvent par des coups de chance et des témoins sortis de nulle part plutôt que par une recherche méthodique. Et la fin, quoique explicative, est un peu bâclée. Mais la lecture demeure agréable et le cercle familial de l'inspecteur Charitos est attachant, ce qui nous change du flic standard, divorcé, paumé et dépressif. Un polar réussi, malgré quelques petits défauts.

Ma note: 4/5