Le club des polarophiles québécois

Peur et Agônia (de Thierry Serfaty)

JH (5 décembre 2008)

NOTE: ces deux romans sont traités ensemble, car ils sont la suite directe l'un de l'autre.


En un coup d'oeil

   
  • Date de publication originale: 2007 (Peur) et 2008 (Agônia).
  • Genre(s): thriller médical, technopolar.
  • Mots-clés: peur, phobie, suicide.
  • Personnage principal: Érick Flamand et sa femme Laura, inspecteurs de la police de Paris.

À mon avis

Thierry Serfaty passe souvent pour le Robin Cook français. Lui-même médecin, il a commencé à se faire connaître comme auteur de polars avec Le sang des sirènes, un bon thriller cybermédical. Dans la foulée ont suivi Le cinquième patient et Le gène de la révolte. Il prend ensuite un virage avec La nuit interdite, premier roman d'une série consacrée à la psychobiologie des émotions fondamentales de l'être humain qu'il nomme, selon une théorie toute personnelle, la pyramide mentale. Peur et Agônia constituent le second volet de cette série de La pyramide mentale (qui devrait en comporter quatre).

Voir le résumé de l'éditeur pour Peur et pour Agônia.

Peur commence de façon spectaculaire. Sur le Web apparaissent des vidéos montrant, en direct, des gens qui se suicident: saut du 15e étage, entrée dans la fosse aux lions au zoo, etc. Le seul lien entre ces suicides, c'est que ces suicidés étaient tous victimes de phobies extrêmes (des hauteurs, des félins, de l'eau, etc.) et qu'ils sont précisément morts de l'objet de leur phobie. La petite équipe du commissaire Flamand assemble patiemment les indices (avec l'aide d'une brochette de consultants informatiques, médicaux et psychiatriques) et finit par mettre au jour l'existence d'une organisation obscure aux motivations criminelles.

Comme le titre du roman l'indique bien, Serfaty explore la thématique de la peur: ses racines, ses manifestations, les façons d'agir sur elle, son rôle dans la survie, ses égarements. La réflexion philosophique et médicale est intéressante et s'intègre bien à l'action. On est dans les mêmes eaux que Jean-Christophe Grangé. Mais, si l'intrigue est bien ficelée et le rythme, soutenu, les personnages ne sont pas vraiment convaincants. Flamand et surtout Laura, sa sculpturale épouse policière plus ou moins caractérielle, sont presque caricaturaux, comme s'il fallait surtout se démarquer à n'importe quel prix de l'image du flic typique. De même, les dialogues, saturés d'une dose de "déjanté" qui veut faire drôle ou cool, sonnent souvent faux. Comme styliste, Serfaty n'est pas Grangé, malheureusement.

Il reste que Peur est un roman d'une lecture intéressante, sans longueurs et bien construit à partir d'une hypothèse originale. Il faut s'arrêter là. Parce que, avec la suite Agônia, Serfaty étire outrancièrement la sauce. C'est un sequel qui a des allures de reprise: mêmes personnages, même thématique, même intrigue, mais qui ne progresse plus, ou alors, dans l'invraisemblable. Le potentiel a été épuisé avec Peur et les défauts ressortent donc plus clairement avec Agônia.

Malgré quelques irritants, Peur est une bonne histoire bien conclue - sauf la dernière page, qui, assez grossièrement, crée un rebondissement ouvert qui annonce sans vergogne le sequel. Lequel ne livre pas vraiment la marchandise. Mon conseil: lisez Peur jusqu'à l'avant-dernière page. Et si vous lisez malgré tout la dernière, résistez à l'invitation racoleuse d'acheter Agônia pour connaître la suite de l'histoire: il n'y en a pas.

Ma note: Peur 4/5 ; Agônia 2/5


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