Le club des polarophiles québécois

La clandestine (de Michael Robotham)

JH (avril 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

J'avais, il y a quelques années, tout particulièrement apprécié La disparue, de Robotham (roman que je vous recommande vivement, davantage que celui-ci). Cet auteur, Australien d'origine, fut d'abord journaliste d'enquête avant de se lancer dans le polar. En français, il a publié Le suspect et La disparue avant celui-ci, et Traquées depuis.

Il intervertit les rôles depuis La disparue. L'inspecteur Ruiz est maintenant à la retraite et n'a plus qu'un rôle secondaire, remplacé au premier plan par Alishia, policière sikhe de la police de Londres. L'amorce est accrocheuse. Alishia a perdu contact depuis des années avec Cate, sa meilleure amie d'adolescence, pour des raisons qu'elle n'a jamais comprise. Elle la retrouve presque par hasard, alors que Cate attend son premier enfant. Mais cette dernière et son mari sont immédiatement tués par un chauffard. L'autopsie révèle que Cate n'a jamais été enceinte et que sa prétendue grossesse n'était qu'une habile mystification. Mais pourquoi?

Vous devinez qu'on vient de s'embarquer dans une sordide histoire de trafic de bébés, de fécondation in vitro et de mères porteuses, avec un réseau de passeurs et de souteneurs qui ont des ramifications à Amsterdam et, en amont, en Afghanistan. La trame sociologique de ce polar explore de façon réaliste l'enfer de ces jeunes afghanes, mises en esclavage et exploitées pour leur sexe, par la prostitution et pour leur utérus, par le trafic de bébés. Le sujet est rebattu, on en convient. Mais Robotham le traite avec empathie et retenue, sans forcer le trait ni verser dans le pathos. Ses personnages sont crédibles et attachants, particulièrement Samira, une jeune clandestine (d'où le titre) et Alishia elle-même, qui concilie difficilement sa famille et sa culture sikhe d'une part et sa formation de policière britannique d'autre part.

Les bémols de ce roman se situent du côté de l'intrigue, crédible et logique, mais insuffisamment étoffée pour soutenir durablement ces presque 500 pages. Le livre présente donc certaines longueurs qui ralentissent inutilement le rythme, malgré l'écriture plaisante et les personnages attachants. Une lecture plaisante, donc, mais qui n'emporte pas entièrement l'adhésion. Commencez plutôt par La disparue, quitte à voir ensuite si affinités.

Ma note: 3,5 /5