Le club des polarophiles québécois

Comme deux gouttes d'eau (de Tana French)

JH (février 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Comme deux gouttes d'eau est le second roman de l'Irlandaise Tana French, qui avait remporté, avec son premier (La mort dans les bois, réédité ensuite sous le titre Écorces de sang) le prix Edgar Allan Poe. J'avais commencé, mais pas terminé, celui-ci, insatisfait et étonné du succès qu'il semblait remporter partout. Comme deux gouttes d'eau est nettement meilleur; peut-être que la romancière prend de l'expérience. Il y a plusieurs références au premier roman, dont l'héroïne et plusieurs autres personnages sont les mêmes, mais il s'agit carrément d'une autre histoire, qui ne requiert pas de lecture préalable.

Le début est éblouissant: une jeune femme, membre d'une commune de 5 étudiants, est retrouvée poignardée. Elle et Cassie se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Mais, bien pire, ses papiers d'identité révèlent qu'elle se nomme Lexie Madison - une identité fictive que Cassie avait adoptée quelques années plus tôt lors d'une mission d'infoltration. La police décide de tenter le gros coup: faire croire que Lexie n'était que blessée et demander à Cassie d'exploiter sa ressemblance physique pour infiltrer, sous cette identité empruntée, la commune estudiantine dans l'espoir de trouver le coupable.

Malheureusement, sans être mauvaise, la suite n'est pas à la hauteur. Le milieu clos des 5 étudiants est fort bien décrit, et les personnages sont étoffés et attachants; leur histoire, leurs aspirations et leur vie quotidienne sont décrites avec réalisme et précision, et c'est cette qualité de la psychologie des personnages, de même que le quasi-huis clos de l'histoire qui soutient l'intérêt jusqu'au bout de ces presque 500 pages. Mais il faut accepter plusieurs invraisemblances et plusieurs fils non attachés, de même qu'une finale qui n'a rien de renversant. Ce suspense commande un rythme lent, mais c'est parfois trop lent, avec des longueurs qui, si elles permettent d'étoffer le climat et la psychologie des personnages, n'aide pas à la progression de l'intrigue.

Bref, à partir d'un point de départ qui avait le potentiel d'un chef d'oeuvre, l'auteur accouche d'un roman intéressant, mais inégal, qui aurait gagné à être abrégé de plusieurs dizaines de pages, à être enrichi d'un ou deux rebondissements de l'intrigue et à hériter d'une finale qui bouclerait plus solidement la boucle. Il y a peut-être un éditeur qui n'a pas fait son travail ...

Ma note: 3,5 / 5