Le club des polarophiles québécois

Docteur à tuer (de Josh Bazell)

JH (août 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Premier roman d'un auteur qui est aussi médecin, Docteur à tuer est un roman qui accroche dès le départ aussi bien par son style (vif, excessif, grinçant, mais dont on finit par se lasser) que par son amorce: Peter Brown, le personnage principal, a réussi (dans des circonstances qu'on prendra tout le roman à nous dévoiler) à quitter son vécu de tueur à gage mafieux pour devenir médecin. Mais voilà qu'un de ses patients, à l'hôpital, le reconnaît et menace de révéler son identité à la mafia, qui a perdu sa trace depuis des années.

On aime ou on n'aime pas le parti-pris romanesque consistant à faire alterner les efforts désespérés de Peter pour préserver sa nouvelle identité avec les chapitres qui racontent ses années d'aloscence, son entrée dans la mafia et (bien tardivement, puisque c'est le ressort du roman) sa rupture avec ce milieu, qui le rattrape maintenant des années plus tard.

Les connaissances médicales de l'auteur sont mises à profit dans la partie contemporaine du roman. On apprend une foule de choses sur le corps humain, que ce soit par les nécessités de l'intrigue que par les notes en bas de page que l'auteur multiplie au point d'en devenir lassant. Même chose pour le style, qui séduit au début par sa vivacité, mais qui finit par sentir le parti pris et la recette.

Le personnage principal est bien campé, ne manquant pas d'intérêt avec sa propension à la violence et ses motivations morales qui se livrent la guerre dans sa psyché. Pas vraiment sympathique, mais qui finit par devenir attachant. L'intrigue se déploie correctement, avec quelques greffons secondaires servant de piment et une ou deux invraisemblances que l'on surmonte pour jouer le jeu. Mais la question centrale, le noeud de l'histoire (la rupture entre Peter et Skinflicks, son meilleur ami devenu son pire ennemi) est escamotée, sinon bâclée, et tout le reste s'en ressent.

Bref, un roman inégal qui révèle un certain potentiel mais qui n'est pas non plus pleinement réussi.

Ma note: 3,5 / 5