Le club des polarophiles québécois

Douze heures pour mourir (de Maud Tabachnik)

JH (22 janvier 2009)


En un coup d'oeil

  • Date de publication: 2004 (Albin Michel) et 2006 (Le livre de poche)
  • Genre: thriller.
  • Mots-clés: terrorisme, prise d'otages.
  • Personnage principal: Charlie Rozen, lieutenant de police à New York.

À mon avis

Un livre atypique dans l'oeuvre considérable (plus de 25 romans) de Maud Tabachnik, puisque ses héros habituels (le policier Sam Goodman et la journaliste Sandra Khan) en sont absents. Mais l'action se passe, comme fréquemment chez cette auteure française, aux États-Unis, à New York plus précisément, pendant les 12 heures d'une nuit de Noël. Voir ici pour l'amorce de l'intrigue.

À partir du noeud de l'intrigue (une classe d'enfants juifs pris en otage par un groupe de terroristes islamistes), en 12 heures chrono, Tabachnik multiplie les points de vue à travers une galerie considérable de personnages. Les premières loges, bien sûr: otages eux-mêmes, terroristes, policiers et membres des groupes d'intervention. Mais aussi les officiels, qu'on ne s'embarrasse pas de dissimuler sous un nom d'emprunt: Michael Bloomberg, le maire de la ville, Bush, Hillary Clinton, notamment, qui sont traités comme des personnages du roman. Des politiciens israéliens et arabes. Et une foule de personnages incidents qui sont là presque par hasard: un dealer, un junkie, un journaliste paumé. Une passante agressée par des voyous. Des personnages saisis comme des instantanés, mais bien croqués, avec leur tranche d'humanité, leurs grandeurs mais surtout leurs misères. Et un épilogue que l'on adorera ou que l'on détestera, mais qui ne manque pas d'originalité.

Ce roman est un concentré d'humanité à l'intérieur du cadre classique d'un thriller avec prise d'otages. Tabachnik se signale par une écriture évocatrice et très efficace, trouvant le moyen d'intégrer une histoire d'amour crédible et même originale tout en n'y consacrant que quelques pages. Comme souvent chez Tabachnik, il y a également des visées politiques dans ce roman. Même si les différents points de vue sur cette prise d'otages sont successivement montrés à travers les divers personnages, le parti-pris de l'auteur pour la communauté juive est évident (sans en être sûr, je croirais que Tabachnik est elle-même juive). Et le maire Bloomberg est traité de façon extrêmement flatteuse. Cela peut déranger si on choisit de faire du roman une lecture politique. Mais si on se concentre sur la dimension humaine de chacun des personnages (et c'est là que réside l'intérêt du roman), on vit bien, comme lecteur, avec les choix de l'auteur.

Contrairement à un 24 heures chrono, par exemple, Tabachnik ne multiplie pas les rebondissements et renonce à exploiter sa situation initiale par des coups de force et des artifices techniques. L'intrigue progresse même assez lentement (mais de façon réaliste et sans le moindre ennui chez le lecteur) parce que l'essentiel du roman n'est pas là. L'essentiel, c'est de montrer comment une crise comme celle-là peut servir de révélateur aux passions humaines universelles: l'amour, la haine, la peur, la vengeance, la lutte de pouvoir. Une lecture intéressante qui me fera certainement faire connaissance plus approfondie avec l'oeuvre romanesque de Maud Tabachnik.

Ma note: 4/5


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