Le club des polarophiles québécois

Fureur assassine (de Jonathan Kellerman)

JH (juillet 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

Il devenait de plus en plus intenable d'animer un site comme celui-ci sans dire un mot de Jonathan Kellerman, l'un des auteurs majeurs du polar américain contemporain. J'ai lu plusieurs de ses romans, il y a de nombreuses années, mais, sauf un souvenir plutôt favorable, c'est trop loin pour que je puisse en parler avec pertinence. Je viens donc de lire son dernier traduit en français, Fureur assassine.

Kellerman est lui-même un psychologue réputé, spécialisé en pédiatrie. Son inspiration romanesque provient directement de son expérience professionnelle et s'incarne dans le personnage récurrent d'Alex Delaware, qui est la vedette de plus d'une vingtaine de romans (Kellerman a également écrit quelques romans non-Delaware, mais ce ne sont pas ses meilleurs). Il travaille presque toujours avec l'inspecteur Milo Strugis, flic atypique, gay, dur-à-cuire au coeur tendre. Delaware, quant à lui, est un psychologue humaniste et empathique, tout à fait conforme à l'image que l'on peut se faire du "bon" psychologue; et pas drogué ni alcoolique ni déprimé, ce qui est déjà un exploit!. Son domaine d'expertise étant la psychologie des enfants, rien d'étonnant à ce que la plupart des romans qui le mettent en scène (mais pas tous) tournent autour d'enfants soit violentés, soit déviants, soit atteints d'une pathologie mentale particulière. Comme pour Connelly et Crais, Los Angeles le lieu de prédilection de Kellerman pour ses intrigues, mais avec un regard particulièrement noir et désabusé sur cette ville.

Fureur assassine est un prétexte pour parler de Kellerman, car, sans être mauvais, ce n'est pas son meilleur livre. Notamment parce que le coupable probable est identifié vers le milieu du roman et que l'essentiel du travail consiste à comprendre les motivations et à documenter avec des preuves les diverses hypothèses.Le caractère quelque peu ouvert de la fin (même si l'explication est donnée) laisse aussi quelque peu insatisfait.

Comme toujours chez Kellerman, c'est la dimension psychologique qui domine: les crimes sont nets, sans rituels sanglants et les indices matériels n'ont qu'une importance secondaire. C'est l'interaction des personnages (toujours bien campés et assez loin des stéréotypes habituels du polar) qui est intéressante. Et l'écriture est nette: ça coule de source, sans effets inutiles.

Cela dit, si vous ne connaissez pas Kellerman et son Alex Delaware, vous auriez plutôt avantage à commencer par La clinique ou Dr La Mort ou mieux encore par l'excellent Double miroir.

Ma note: 3,5 / 5