Le club des polarophiles québécois

L'homme qui détestait le golf (de Sylvain Meunier)

MD (juin 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

Sylvain Meunier a toujours eu beaucoup de plaisir à écrire mais, depuis qu'il est retraité de l'enseignement, il pourra enfin se laisser aller davantage. Il a écrit beaucoup pour la jeunesse mais son Homme qui détestait le golf s'adresse à toute personne désirant se payer un bon moment de plaisir. Ce n'est pas un polar qui plaira aux obsédés de la violence ou aux amateurs de suspense qui cultivent leur angoisse comme d'autres des orchidées. Mais, on a souvent le goût de changer de climat, de type de musiques ou de vins; c'est pareil avec les polars : Nesbo énerve, Wright rassure, Meunier amuse. Sans prétention; sans non plus faire de l'intrigue policière un simple prétexte.

La composition est originale : après nous avoir présenté le sergent-détective Drummond, un policier britannique armé d'un parapluie qui vient se perfectionner pour un temps avec la Sûreté du Québec, le récit commence par la confession de Denis Dupré-Dumont qui raconte en détails comment il en est venu à farcir à la nitroglycérine les balles de golf, signées Jean Chrétien, du docteur Pierre Pit Pichette (p.15 à p.145). Cette minutieuse confession est, en réalité, un joli pastiche des romans psychologiques, qui raconte une importante tranche de vie de ce jeune chimiste tranquille et bien élevé qui est devenu un impitoyable meurtrier. A travers les aventures érotico-émotives et la haine croissante du golf (Le parcours de golf est à la flore ce que le caniche est à la faune) de Dupré-Dumont, nous participons joyeusement à l'irréversible métamorphose de ce jeune homme qui reste sympathique même pour son inlassable poursuivant, le détective Drummond : On aimerait ne devoir jamais arrêter que des criminels comme lui. De nos jours, le métier de policier est rendu bien pénible par la mauvaise éducation des criminels.

La procédure policière comme telle est intégrée au récit de Dupré-Dumont et, même si le rôle de Drummond semble limité, sa façon de traquer son adversaire est précise et crédible, tout en demeurant fort distinguée. Le lecteur connaît assez rapidement les motivations de Dupré-Dumont et se demande plutôt ce qui le pousse à se confesser, puisque Drummond n'est pas encore parvenu à son but. Puis, au moment où tout s'éclaire, survient un imprévu qui vient brouiller les cartes : un dernier clin d'œil de l'auteur, satisfait avec raison de cette habile fantaisie policière.

Même si, pour évaluer ce roman, je dois le comparer avec les plus grands, toutes catégories confondues, dans son domaine c'est un haut de gamme. La notation dévoile ici les lacunes de notre système d'évaluation. L'autre système (noter chaque roman selon sa catégorie) aboutirait aussi à des problèmes aux solutions insatisfaisantes.

Ma note: 3,5 / 5