Le club des polarophiles québécois

Horreur boréale (de Asa Larsson)

MD (septembre 2011)


En un coup d'oeil


À mon avis

Horreur boréale est le premier roman de Asa Larsson, pour lequel elle a d'ailleurs gagné le prix du Premier roman policier suédois en 2003 et s'est rendue en finale pour le Dagger Duncan Lawrie International. Depuis, elle a publié trois autres romans en suédois et en anglais. Larsson est née à Kiruna en 1966, une petite ville tout au nord de la Suède (pas loin de la Laponie) où se passe d'ailleurs l'action de ce premier roman. Pour bon nombre de lecteurs, cet environnement froid et neigeux constituera sans doute un attrait exotique; pour nous, Québécois, ça ressemble à un long mois de février impitoyable. Comme son héroïne, Rebecka Martinsson, Larsson était avocate fiscaliste, avant de devenir écrivaine à temps plein. C'est un premier roman, pourvu de quelques maladresses, mais c'est certain que l'auteure a du souffle et du talent pour la description sociologique (ici, une secte hiérarchisée dans une petite ville isolée).

J'avoue que ça m'a pris pas mal de temps pour embarquer : les préliminaires traînent en longueur, les personnages se multiplient et la plupart manquent de traits propres qui nous permettraient de les reconnaître quand ils reviennent; peu sont attachants. Le seul personnage sympathique est le vieux Sivving, dont le rôle est plutôt secondaire; la policière Anna-Maria Mella joue un beau rôle de composition mais reste effacée pour laisser la place à Rebecka, qui l'utilise peu efficacement. Le rythme devient plus palpitant dans les cinquante dernières pages, même si la fin est convenue. Du moins, le premier finale. Car un deuxième finale décrit un événement plus personnel. Comme si l'aspect psychosociologique était plus important que l'aboutissement de l'intrigue comme tel. Ce qui, d'ailleurs, m'a un peu fait penser (de même que le très saisissant personnage de l'incorrigible Sanna) à Karin Alvtegen, dont les romans plus ou moins policiers se démarquent par la finesse psychologique avec laquelle les situations et les personnages sont exposés

Larsson n'en est pas encore là. Comme c'était l'entrée en scène de Rebecka Martinsson, c'était peut-être nécessaire de passer du temps à décrire son environnement, son travail, ses amis, et le milieu où elle a passé son enfance et son adolescence. Tout ça prend du temps et rend difficile de juger si Larsson sait raconter une histoire. Et ce qui rend difficile aussi de porter un jugement sur les possibilités de cette auteure, c'est que c'est mal écrit ou mal traduit : c'est parfois difficile de savoir si nous avons affaire à un flash-back ou si nous sommes dans l'actuel? Ou de savoir qui parle (p. 132). Certaines allusions sont incompréhensibles (p.147, …surprise de constater sa franchise… ). Des enchaînements semblent manquer de cohérence. C'est une des rares fois où je vois un traducteur doublé par un réviseur. Et ce n'est pas encore suffisant. Ça explique peut-être pourquoi ses romans sont publiés en anglais, alors que, sauf ce roman de 2003, traduit en 2006, on attend encore les suivants.

C'est peut-être donc injuste pour l'auteure mais, si on tient compte du produit en langue française, et malgré des qualités manifestes, l'enthousiasme n'était pas au rendez-vous.

Ma note: 3/5