Le club des polarophiles québécois

Le kidnapping d'Aaron Greene (de Terry Kay)

JH (mai 2012)


En un coup d'oeil


À mon avis

Terry Kay fut journaliste au Atlanta Journal-Constitution, où il situe d'ailleurs l'intrigue de ce roman. Il a écrit une douzaine d'ouvrages, mais, sauf erreur, celui-ci est son premier traduit en français.

Ça commence très fort: Aaron Greene est un employé de banque obscur et pâlot qui est un jour kidnappé sans raison apparente. Bientôt. la banque qui l'emploie reçoit une demande de rançon de dix millions de dollars - qu'elle ne paiera évidemment pas, alors que son président, sous enquête financière, a magouillé pour bien plus de dix millions et se prépare à en sortir bien davantage pour se tirer d'un mauvais pas. L'opinion publique commence à y voir un scandale et elle se mobilise, cristallisée autour de l'idée que la vie d'un employé ordinaire n'a pas la même valeur que les profits des gros financiers.

On s'attend à un polar social virulent, soulevant des questions d'éthique et des dilemmes moraux. C'est d'ailleurs bien parti pour ça. Mais, curieusement, l'auteur, qui tenait pourtant une amorce prometteuse et riche, semble s'en désintéresser (ou refuser de l'exploiter) pour s'attarder plutôt sur la vie personnelle de ses divers personnages. Il renonce aussi au suspense, puisqu'on sait dès le début qui sont les auteurs du kidnapping et qu'il ne sera fait aucun mal à la victime.

Le roman se laisse lire agréablement. Mais, alors qu'on attendait un pamphlet anticapitaliste solide, on hérite plutôt d'une galerie de personnages - intéressants, mais plutôt convenus et sans grande originalité. Et la finale laisse plusieurs questions ouvertes. On sait comment ça finit, bien sûr, et ça finit en effet; mais les motivations des kidnappeurs demeurent toujours nébuleuses. Dans l'ensemble, un roman qui aurait pu être passionnant et qui, en étant seulement raisonnablement intéressant, laisse un peu sur sa faim.

Ma note: 3,5 / 5