Le club des polarophiles québécois

Les lieux sombres (de Gyllian Flynn)

JH (avril 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2009 (Dark Places).
  • Date de l'édition française: 2010 (Éd. Sonatine, 482p)
  • Genre: roman psychologique.
  • Mots-clés: massacre familial, retour au passé.
  • Personnage principal: Libby Day, seule survivante du massacre de sa famille
  • Résumés: ici et .

À mon avis

Ce roman confirme au moins une chose: l'excellence éditoriale des éditions Sonatine. Depuis moins de deux ans, cet éditeur semble s'être donné la mission de faire connaître au public francophone des auteurs anglo-saxons inconnus, à travers des polars qui se démarquent tous des romans de série par une qualité romanesque et littéraire sans concession.

Libby Day avait 7 ans lorsque toute sa famille a été massacrée en une nuit. Son frère aîné, Ben, reconnu coupable des meurtres, est en prison depuis 25 ans. Libby, parvenue à bout de ses ressources financières, accepte de faire un peu d'argent en rouvrant l'enquête pour le compte du Kill Club, un groupe de fans d'énigmes criminelles non résolues. Voir les liens ci-haut pour des résumés plus détaillés.

Tout le roman repose sur la narration croisée de l'enquête présente de Libby, d'une part, et, d'autre part, des deux jours qui, il y a 25 ans, ont précédé ce massacre dont finalement, on sait bien peu de choses. D'un chapitre à l'autre, d'un flashback au présent, on suit la progression lente de l'enquête amateur de Libby ainsi que la mise en place, autrefois, des éléments qui conduiront au massacre. Dès le début, on se doute bien que Ben n'était pas coupable, même s'il n'a pas tenté de se défendre. Mais la route est tortueuse jusqu'au dénouement final, complètement imprévisible mais parfaitement logique - la marque d'un excellent suspense.

Cette intrigue, simple mais correcte, n'est que le support à l'analyse psychologique particulièrement pénétrante d'une famille dysfonctionnelle dans une petite ville du Kansas (dont l'auteur est d'ailleurs originaire). La romancière a un talent véritable pour amener le lecteur à s'attacher à des personnages peu sympathiques au départ, mais dont on finit par découvrir la profonde humanité à travers leurs peurs et leurs pitoyables stratégies du survie. Les personnages sont bien typés, mais le trait n'est jamais forcé. Le monde de l'enfance et de l'adolescence, particulièrement, est exploré avec des touches saisissantes de vérité, loin des stéréotypes du thriller tout-aller.

Le rythme est lent - parfois même un peu trop - mais l'écriture parfaitement maîtrisée maintient l'intérêt de bout en bout. Et, malgré la minceur de l'intrigue, la trame romanesque est solidement construite, résolue par une finale tout à fait satisfaisante.

Une auteure peu connue, mais certainement à surveiller.

Ma note: 4,5 / 5