Le club des polarophiles québécois

Madame la présidente (de Anne Holt)

JH (août 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Anne Holt, avocate et ex-ministre de la Justice de Norvège, a d'abord écrit deux polars indépendants avant de lancer sa série mettant en vedette Vik et Strubo, détectives et couple dans la vie. Madame la présidente est le 3e roman de la série, après Une erreur judiciaire et Cela n'arrive jamais.

On est ici à la frontière entre le polar politique, puisque le moteur de l'intrigue demeure une enquête policière, et la politique-fiction, puisque l'une des protagonistes est la présidente des États-Unis, successeure de George W. Bush (le roman a évidemment été écrit avant l'élection d'Obama). En visite officielle en Norvège, madame la présidente disparaît au cours de la nuit de sa chambre d'hôtel, qui a pourtant été inspectée sous toutes les coutures par le Secret Service. Les caméras de surveillance, braquées sur l'unique porte de sa chambre, n'ont rien capté. Une énigme en chambre close, quoi!

Si cette énigme (le comment) est assez joliment résolue tôt dans le roman, les choses se gâtent ensuite, alors que se déploient les méandres d'une intrigue tordue, mêlant des visées terroristes internationales et des éléments du passé de la présidente et aussi de Vik elle-même alors que surgit Warren Scifford, un profileur du FBI dépêché sur les lieux.

Le rythme est lent, alors qu'on nous présente successivement, en narrations éclatées, les principaux acteurs de ce complot aux ramifications complexes. Mais la progression est confuse et les indices sont dispensés au compte-goutte, alors que les états d'âme sont servis à la louche. Et beaucoup de fils demeurent en l'air à la fin: quel est le fameux secret du passé de Vik lors de son séjour aux États-Unis avec Scifford? Quels sont les liens entre Scifford et le gourou terroriste? Quelles sont les motivations de la présidente pour se cacher? Ces questions, pourtant centrales, ne trouvent pas réponse et on a une impression, à la fin, de coït interrompu.

L'écriture est sobre, mais agaçante avec cette manie qu'a l'auteure d'interrompre les phrases du dialogue en plein milieu et donc de saupoudrer ses pages de points de suspension. Peut-être est-ce pour faire plus vrai, plus "parlé", mais à l'écrit, ce n'est pas très heureux. De même, vu la cohabitation forcée de nombreux personnages norvégiens et américains, la gestion de la langue des dialogues semble avoir un peu dépassé le traducteur: Quand deux interlocuteurs parlent la même langue, on comprend qu'il faut rendre le dialogue en français. Mais quand l'auteur a choisi de mettre des répliques et des expressions en italiques (en anglais dans le texte norvégien), on comprend mal les italiques en français. Pourquoi ne pas les avoir gardés en anglais? Ou alors ne pas les avoir mis en italiques du tout?

Bref, rien pour m'amener à lire les deux romans précédents de la série.

Ma note: 3/5