Le club des polarophiles québécois

Orbit (de John J. Nance)

JH (février 2009)


En un coup d'oeil

À mon avis

Disons-le d'entrée de jeu: si John J. Nance est le maître incontesté du thriller aéronautique (il faut lire, notamment, son excellent Zone de turbulence, qui demeure à mon avis son chef d'oeuvre), il ne se situe pas vraiment dans le continent polar, mais plutôt dans le roman de catastrophe, façon 1970. En effet, même si ses romans carburent à l'adrénaline pure et garantissent des nuits blanches, il n'y a pas de crime à proprement parler dans ce roman. Ce qui démontre bien que thriller et polar, même s'ils se recoupent souvent, ne sont pas nécessairement synonymes.

La mise en place est rapide. Kip Dawson est un touriste spatial, qui vient de gagner un voyage en orbite. Mais, à peine rendu, une micrométéorite percute la navette, tuant le pilote et coupant toutes les communications avec la Terre. Dawson, qui ne connaît rien à l'aéronautique, a 5 jours d'oxygène devant lui et aucun moyen de communiquer. Résigné à mourir, il entreprend de rédiger son testament spirituel sur son ordinateur portable, comme une bouteille à la mer si jamais on récupère son épave un jour. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'un petit circuit de communication fonctionne encore de la navette vers la Terre et que tout ce qu'il écrit se retrouve immédiatement sur Internet.

Sur Terre, c'est le plus grand événement de téléréalité imaginable et tous les réseaux de télé en font leurs choux gras. Et, pendant ce temps, les diverses agences spatiales du monde se mobilisent pour tenter une mission de sauvetage. Mais c'est sans compter les magouilles politiques et, évidemment, un méchant qui a intérêt à ce que cela ne fonctionne pas. Et, tout aussi évidemment, je ne vous révélerai rien en vous disant que Kip va finir par s'en tirer, happy end oblige.

On retrouve la bonne vieille recette de Nance: unité de temps assurée par le compte à rebours avant la catastrophe finale, interactions fébriles des différents acteurs, en l'air comme au sol, techniques comme politiques, pour arrêter le piège infernal, documentation technique impeccable (Nance est lui-même pilote et chroniqueur d'aviation). À partir d'une situation de départ rigoureusement paramétrée, il excelle à imaginer, de rebondissements en rebondissements, les complications supplémentaires mais aussi les solutions auxquelles on n'a pas pensé.

C'est un roman que j'ai lu d'une traite, scotché sur mon siège, et c'est ce que reflète ma note. Mais il est loin d'être sans défauts et le lecteur devra prendre note de quelques caveats. Les personnages sont campés de façon très superficielle, réduits à leurs rôles dans l'intrigue, cette dernière étant souvent arrangée avec le gars des vues, particulièrement dans la finale. Les prétentions psychologiques et philosophiques relèvent plutôt de la psychologie de bazar et des bons sentiments hollywoodiens (je ne doute pas que ce roman sera un jour porté au cinéma). Il y a de la grandiloquence dans la façon dont on décrit l'impact des confessions en direct de Kip sur le monde en général. Nance est tout sauf un grand écrivain.

Mais si on joue le jeu et qu'on se centre sur le déploiement de l'intrigue, intense et efficace, on passera un bon moment de lecture sous tension par un des maîtres du genre.

Ma note: 3,5 / 5