Le club des polarophiles québécois

La prière des défunts (de James Grippando)

MD (mars 2009)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2007 (When Darkness Falls)
  • Date de l'édition française: 2008 (Le Cherche Midi, 404p)
  • Genre: thriller
  • Mots-clés: prise d'otages, crimes de guerre.
  • Personnages principaux: Jack Swyteck, avocat; Falcon, psychopathe; Vince Paulo, agent de police négociateur.

À mon avis

James Grippando est une valeur sûre du polar américain et aurait bien pu se retrouver à ce titre aux côtés de Baldacci ou de Margolin. 17 romans publiés (dont la moitié environ ont été traduits en français); 8 mettent en vedette son personnage de prédilection, l'avocat criminaliste Jack Swyteck, fils de l'ex-gouverneur de Floride et défenseur des puckés de Miami et du sud de la Floride. Ayant lui-même mené une brillante carrière d'avocat, ses premiers romans sont des polars judiciaires classiques. Mais il s'écarte ensuite du genre pour faire ensuite aussi bien dans le polar psychologique, le thriller et les affaires de truands. Et ici, même si Swyteck est un avocat, ce ne sont pas ses talents juridiques qui sont sollicités et il n'y a aucun procès.

Tout le roman tourne autour de la personnalité hors-normes de Falcon, un sans-abri apparemment schizophrène, qui, pour parler à la fille du maire de Miami, menace d'abord de se jeter du haut d'un lampadaire puis s'enferme dans un motel avec quatre otages. Autour de lui gravitent Swyteck, son avocat qui commence à regretter de l'être; Vince Paulo, agent de police aveugle spécialisé dans la négociation en temps de crise; Alicia, fille du maire, elle-même policière et ex-petite amie de Paulo. Et. alors qu'à première vue, Falcon semble un simple psychopathe qui a pété les plombs et entend des voix, on découvre peu à peu que la solution au problème réside quelque part dans son passé, à l'époque de la dictature argentine. Et pourquoi un sans-abri comme lui a-t-il des centaines de milliers de dollars dans un compte numéroté aux Bahamas? Et qui est responsable de la disparition de cet argent? Et de qui ou de quoi Falcon a-t-il si peur?

Le cadre intense et extrêmement contraignant de la prise d'otages est toujours efficace: on y retrouve les ingrédients classiques qui installent et font augmenter la tension: exigences démesurées, promesses soigneusement calculées, menaces d'exécution, pressions politiques, évaluation des risques, querelles de juridiction, rien n'y manque. Mais l'intérêt du roman vient du fait que l'auteur ne se limite pas à exploiter ce seul créneau assez classique; la trame s'enrichit de la complexité psychologique des personnages : Vince Paulo, devenu aveugle dans une affaire précédente et qui doit composer avec sa capacité diminuée; l'amour démesuré du maire pour sa fille; Swyteck, coincé entre ses obligations envers son client et sa fidélité à son meilleur ami, que Falcon tient en otage; et Falcon lui-même, tiraillé entre ses impulsions violentes et ce qui lui reste de fibre morale. Ajoutons un hommage historique aux mères des disparus de la dictature militaire argentine, et nous avons un roman brillamment orchestré, qui se lit avec intensité sans pour autant sacrifier la densité des personnages. Et le contexte de Miami, toile de fond habituelle des romans de Grippando, est bien intégré et donne une couleur locale intéressante.

Et si ce roman de Grippando vous plaît, allez lire en confiance ses romans précédents. On ne s'y trompe pas.

Ma note: 4,5 / 5.


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