Le club des polarophiles québécois

Promets-moi (de Harlan Coben)

MD (août 2009)

Note: voir l'entrée cinq-étoiles de Jacques sur Harlan Coben en général.


En un coup d'oeil


À mon avis

Entre le très bon Juste un regard et l'excellent Dans les bois, Coben est revenu à son héros de jeunesse Myron Bolitar, ex-joueur de basket, agent sportif et détective privé, in Promets-moi. J'avais déjà laissé tomber un Bolitar il y a quelques années et j'ai voulu voir ce qu'il était devenu 6 ans après. Et surtout après les grands succès de l'autre versant de l'œuvre de Coben.

Ça commence lentement : comme s'il fallait refaire connaissance avec le grand Myron et ses improbables amis, la belle et cynique Esperanza, la grosse et redoutable Cyndi, le riche et dangereusement efficace Win. Puis, nous rencontrons la nouvelle flamme de Myron, Ali, sa vieille copine Claire, leurs enfants, particulièrement les adolescentes Erin et Aimee. Or cette dernière disparaît mystérieusement. Là, nous voguons dans des eaux que Coben connaît bien : deux disparitions analogues espacées dans le temps, liens familiaux distordus, relations puissantes et mensongères entre les parents et les adolescents, obsession de la réussite scolaire, fascination des adolescentes. Il m'a semblé que ça prenait plus de temps que d'habitude pour planter le décor, mais ça finit par décoller et on attache sa ceinture. Moins un suspense qu'un thriller : nous craignons plus pour la santé de Bolitar que pour la vie d'Aimée ou de Katie. Les deux disparitions se recoupent, les problèmes sont redoublés. Le mystère nous titille, d'autant plus que nous avons toujours l'impression que nous sommes près de sa résolution. Et pourtant, 15 pages avant la fin, alors que nous touchons enfin au but, tout est soudain à repenser.

Lecture satisfaisante à cause de plusieurs bons points : rythme implacable dans la deuxième moitié du roman (pas question de s'interrompre pour passer la balayeuse ou préparer le souper); intrigue apparemment simple et pourtant... ; bonnes descriptions des rapports de couples et des responsabilités parentales; jeu habile du chat et de la souris entre l'écrivain et son lecteur. Sans parler d'un humour bienvenu dans la description des personnages ou des situations, comme en passant : Mater des jambes bronzées n'allait probablement pas le faire avancer dans son enquête mais, d'un autre côté, il ne fallait rien laisser au hasard .

Par ailleurs, quelques irritants m'agacent : la culpabilité, fréquente dans les polars américains, comme stimulus du héros (et qui engendre, selon Win, le mythe du chevalier servant); l'extravagance des amis de Bolitar, y compris Win, qui frisent la caricature, tolérable dans un thriller, impensable dans un suspense; le niveau assez bas des réflexions philosophiques, du genre : ne peut-on pas écrabouiller une douzaine de malotrus pour sauver une innocente? Enfin, la solution finale n'est accessible qu'à Bolitar : nous n'avons pas accès à ses sources d'informations. Donc, c'est un peu trop apparenté à un deus ex machina.

Au total, le récit est cohérent et les prouesses de Bolitar distrayantes. Dans un mode nettement plus léger que Juste un regard ou Dans les bois. Comparé à ces formidables histoires, Promets-moi est presque un thriller pour ados.

Ma note: 3,5 / 5