Le club des polarophiles québécois

Mais c'est à toi que je pense (de Gary A. Braunbeck)

JH (février 2011)


En un coup d'oeil

  • Date de publication : 2006 (Prodigal Blues).
  • Date de l'édition française: 2010 (Bragelonne, 359p)
  • Genre: récit d'horreur, road novel.
  • Mots-clés: disparition d'enfants, pédophilie, mutilations, résilience.
  • Personnage principal: Mark Sieber, responsable de l'entretien à l'Université.
  • Résumé et commentaire (fort pertinent): ici.
  • Site de l'auteur: .

À mon avis

Gary A, Braunbeck, que je ne connaissais pas avant le présent roman, est un romancier confirmé, auteur de nombreux romans et séries, souvent orientés vers le fantastique ou l'horreur. Il semble assez proche de Stephen King (à qui le roman est d'ailleurs dédicacé) et il est lauréat de pas moins de cinq prix Bram Stoker. Mais pas de fantastique ici (heureusement, en ce qui me concerne!).

C'est un roman coup-de-poing dont on ne sort pas indemne et qui vous hante longtemps après. En deux mots: un quatuor d'enfants et adolescents, enlevés et séquestrés pendant des années par un pédophile psychopathe qui les a affreusement mutilés, a réussi à s'évader. Leur route de cavale croise par hasard celle de Mark, qu'ils kidnappent d'abord, puis convainquent de les aider à retourner chez leurs parents respectifs.

Il y a dans ce diamant brut quelques pages parfaitement insupportables d'horreur (dont j'ai sauté la plupart, d'ailleurs, incapable de les lire au complet), mais, loin d'être gratuites et complaisantes, elles sont absolument nécessaires pour délimiter l'enfer dont ces enfants reviennent. Et le roman, en forme de road novel, est l'histoire de ce retour de l'enfer, resserré en deux ou trois jours. Au milieu de ces personnages hors normes, prématurément vieillis, bouleversants d'humanité et profondément attachants, un brave type ordinaire, Mark, s'impose graduellement et malgré lui comme le guide, le passeur et l'ange gardien, apprivoisant et découvrant ces âmes cabossées et ces corps mutilés et tentant de les reconnecter à l'humanité.

Jouant sur un registre extrême avec l'horreur et la compassion, la sauvagerie et l'humanité, l'amitié et la résilience, Braunbeck livre ici un roman très fort à l'écriture puissante, qui se promène en équilibriste du polar déjanté façon Hiaasen à la tragédie grecque. Et une intrigue toute simple, sans les artifices et les narrations croisées des polars habituels. mais qui se déploie avec la puissance d'une vague de fond.

Coeurs sensibles s'abstenir. Mais si vous pouvez accepter de plonger au fond de l'horreur, vous en ressortirez transformés par une formidable leçon de morale et de résilience.

Ma note: 5 / 5 et Coup de coeur.