Le club des polarophiles québécois

Cadfael (série télévisée d'après l'oeuvre d'Ellis Peters)

MD (septembre 2009)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale de la série télévisée: 1994-1998 (Londres : ITV)
  • Date de la version française: 1996 (France : Elephant Films), reprise en 2006 et distribuée au Québec sur Historia, deux fois/semaine.
  • Romans-sources : Ellis Peter (21 romans écrits de 1977 à 1994) : cf. mon topo sur Ellis Peter en novembre 2008.
  • Réalisateur : S Graham Jones.
  • Genre: enquête policière en contexte médiéval.
  • Mots-clés: énigme, crimes, enquête, monastère.
  • Personnage principal: frère Cadfael de l'abbaye de Shrewsbury (Bénédictins).
  • Liens externes: Site de la sérieSite de la programmation

À mon avis

La télévision britannique a produit, de 1994 à 1998, 13 épisodes de 75 minutes à partir des romans de Peter. Ils ont été traduits et diffusés en France, mais pas ici. On peut se les procurer sur DVD. J'en ai vu plusieurs dans la version anglaise. Le frère Cadfael de Derek Jacobi est absolument parfait et je ne puis plus me l'enlever de la tête. En général, les personnages sont très bien rendus, de même que l'ambiance du monastère et la campagne anglaise environnante (même si cela a été tourné en Pologne, je crois). L'accent n'est toutefois pas facile à saisir. Il manque aussi quelque chose de difficile à définir qui nous laisse, malgré de très grandes qualités, sur notre appétit : comme si la contraction qu'imposaient les 75 minutes brisait le rythme du roman et faisait l'impasse de moments importants. Je recommanderais d'en regarder un pour Jacobi, quitte à utiliser les autres comme aide-mémoire après avoir lu les livres.

C'est ce que j'écrivais, en novembre dernier, à la fin de mon article sur Ellis Peter, une brillante écrivaine dont les 21 romans m'ont donné beaucoup de plaisir. Corrigeons d'abord quelques passages : 1) c'est maintenant diffusé ici depuis cette semaine sur le canal Historia; 2) cela n'a pas été tourné en Pologne, mais en Hongrie près de Budapest; 3) plus besoin de lire les livres avant de regarder les émissions : traduites en français, ces émissions sont maintenant beaucoup plus accessibles et constitueront même de bonnes introductions aux romans.

On appréciera particulièrement les belles images de la campagne anglaise, le sens de l'intrigue, les subtilités de l'enquête, la toile de fond historique, importante dans la mesure où plusieurs personnages se définissent par rapport à leur engagement en faveur d'Étienne ou de Mathilde (tous les deux prétendent à la Couronne d'Angleterre), la reconstitution de la vie au Monastère... beaucoup d'éléments qui font de la série des Cadfael un divertissement intelligent et original. La transposition du roman pour la télévision manifeste beaucoup de fidélité; je crois d'ailleurs que, avant de mourir, Peter avait contribué à cette transposition. D'un autre côté, alors que pour la série des Murdoch les scénaristes s'inspiraient des personnages et du contexte des romans de Jennings pour ensuite créer leurs propres récits selon les nécessités du cadre télévisé, dans le cas de Cadfael, on part des romans (en général, 250 pages bien denses) pour les condenser en 75 minutes. Bien sûr, l'opération s'est faite avec clairvoyance, mais on perd un peu en rythme (dans les romans, la sérénité de la campagne anglaise alterne efficacement avec les scènes violentes causées par la méchanceté humaine) et en limpidité (surtout quand les principaux personnages ne sont pas encore très connus). Par ailleurs, l'émission dure 2 heures alors que Cadfael ne dépasse pas 75 minutes : donc, plus d'une quarantaine de minutes en publicité. Ça n'aide pas non plus à maintenir l'attention. De plus, les émissions ne respectent pas la chronologie de leur rédaction (c'était déjà comme cela en anglais) et Hugh Beringar est interprété par 3 comédiens différents. Tout ça n'est pas trop grave parce que le bon frère Cadfael prend beaucoup de place et qu'il est excellent. Gros atout également : la musique de Colin Towns évoque des chants grégoriens solennels qui en séduiront plusieurs.

Au total, très belle initiative d'Historia : pour les amateurs de polars historiques, il s'agit d'une oeuvre captivante et attachante, dont on ressort meilleur et plus intelligent.

Ma note: 4,5 / 5