Le club des polarophiles québécois
RP (août 2011)
Dave Robicheaux est un personnage récurrent des
romans de James Lee Burke. Dave est maintenant inspecteur des services du
shérif de New Ibéria, en Louisiane. Dans sa juridiction un des ses amis, le
Père catholique Jimmie Dolan, se fait sérieusement tabasser. Ce religieux est
un empêcheur de magouiller en rond, il s’en prend aux revendeurs de daïquiri
qui n’hésitent pas à vendre leur alcool à des mineurs qui vont ensuite se tuer
sur les routes. Il attaque aussi les industriels qui déversent leurs déchets
sur des terres qui sont la propriété d’une petite-fille d’un ancien guitariste
de blues. Celui-ci a disparu dans un bagne dont les conditions de détention
étaient terribles. Et pour tout arranger l’épouse du patron de la société
pollueuse et fille d’un ponte local, est une ancienne amoureuse de
l’inspecteur. Dave enquête sur ces évènements et sa curiosité l’amène aussi à
déterrer l’histoire de la disparition du musicien, qui est entré au bagne mais
n’en est jamais sorti officiellement, on ne sait pas ce qui lui est arrivé.
Une des caractéristiques des bouquins de James
Lee Burke c’est d’accorder une grande importance au cadre. Il y a beaucoup
de descriptions de lieux, de l’environnement, du climat. La nature de la
Louisiane est omniprésente tout le long du récit : les bayous, les champs de
canne, les pacaniers, les chênes de Virginie, les odeurs des marécages … on
sent que l’auteur est vraiment amoureux de la Louisiane.
Dans ce cadre, son héros Dave, est confronté à
ses anciens démons qui sont l’alcoolisme et la violence. Il est maintenant
sobre et il se contrôle la plupart du temps, mais c’est un homme désenchanté, écorché,
marqué par la vie depuis qu’il a perdu son épouse. Il doit lutter pour ne pas
retomber dans ses anciens travers mais c’est un obstiné qui ne lâche jamais le
morceau même quand les difficultés sont nombreuses. Il déteste les racistes et
les riches blancs arrogants imbus de leur supériorité sociale et raciale. Mais
c'est un homme attachant plein d'humanisme sauf quand il pète les plombs et
retombe dans la violence.
Ceux qui aiment les enquêtes méticuleuses,
précises et linéaires risquent d’être un peu déstabilisés : c’est une des
habitudes de James Lee Burke de nous proposer plusieurs tableaux de la vie
quotidienne sans qu’on ne discerne de lien entre eux, ce sont des
morceaux d’un puzzle dont on se demande s’ils ont pour objectif de s’assembler.
Il faut avancer dans le roman pour que ces morceaux disparates s’emboîtent. Les
avancées de l’enquête de Dave Robicheaux doivent davantage à ses intuitions
fulgurantes qu’à la qualité des indices. D’autre part on ne comprend pas
toujours la logique qui commande les actions du héros : ainsi on peut
s'étonner que lorsque deux tueurs sont lancés à ses trousses, Robicheaux, lui,
ne pense qu'à résoudre l'affaire du musicien disparu plus de 50 ans plus tôt. A
la fin, tous les morceaux épars du scénario s’assemblent pour former une
histoire à peu près cohérente mais ce n’est pas toujours évident en cours de
lecture. Le personnage de Dave Robicheaux commence à être usé, dans
tous les sens du terme, à force d’être utilisé (il apparaît dans 17 romans). C’est quand même une lecture agréable, empreinte d’un soupçon de
poésie et j’ai particulièrement apprécié la façon dont l’auteur rend l’ambiance
et les couleurs de la Louisiane.
Ma note : 3,5 / 5