Le club des polarophiles québécois
RP (Avril 2012)
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Maurice
Lenoir est un paisible retraité solitaire qui vivote dans son coin de campagne,
dans la Creuse, en cultivant son jardin et quelques plants de cannabis pour sa
consommation personnelle. Le vendredi 13, jour de chance (ou de malchance)
s’est déroulé comme tous les autres jours pour lui. Par contre le lendemain, samedi 14, sa
routine va être bouleversée par une nuée de gendarmes et policiers qui vont
investir sa maison, piétiner ses plantations et le foutre en taule. Pourquoi
tout ça ? Simplement parce que le rejeton de ses vieux voisins a été nommé
ministre de l’Intérieur la veille, le vendredi 13, et qu’il faut sécuriser le périmètre autour des
familles des gens importants. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient les
flics ! Car Maurice Lenoir est en fait Maxime Gerland ex tête pensante de
Van Gogh, un collectif d’activistes qui avait été célèbre cinq ans plus tôt en
exerçant des représailles contre deux PDG de banques, un préfet, et deux
députés d’extrême droite à qui ils avaient coupé une oreille, d’où le nom de
Van Gogh. Depuis le groupuscule avait été démantelé mais le chef s’était fondu
dans la nature et on n’avait jamais plus entendu parler de lui. Et voilà que
par hasard des flics zélés, sans le moindre respect pour le citoyen, vont se
conduire comme des soudards … et réveiller le volcan endormi ! Après avoir
supporté quelques jours une cohabitation forcée avec les policiers dans sa
petite maison campagnarde, n’y tenant plus Maxime s’enfuit et prend le maquis à
travers la France, décidé à faire payer à ce ministre le prix de sa quiétude
perdue.
Il
faut dire qu’il s’y connaît Maxime pour ressortir toutes les casseroles et
affaires louches attachées au ministre ! C’est un spécialiste de la guerre
psychologique. C’est jubilatoire, on se marre franchement en lisant toutes les
misères que fait subir le fuyard au ministre, aux policiers et services
spéciaux lancés à ses trousses. Jean-Bernard Pouy sait rendre
sympathique cet anarchiste qui sème la pagaille dans les ministères. On prend
parti pour sa cause et on se régale de toutes les circonvolutions des
politiques obligés de s’expliquer.
La fin
du bouquin devient un thriller sous tension. Les intérêts des uns et des autres
entrent en conflit, les coups fourrés et les trahisons se succèdent. Ce qui
permet à Jean-Bernard Pouy d’installer un suspense tendu et de faire dans le
même temps la critique du jeu des ambitions personnelles de ceux qui agissent
dans les arcanes du pouvoir.
Polar
atypique : le texte est parsemé de vers de poésie. L’écriture rend
parfaitement le côté haut en couleur du personnage principal avec sa façon de
s’exprimer à la fois populaire, imagée et poétique. Les personnages sont bien
décrits et quelques uns sont franchement savoureux. Dans la lutte du petit
contre les puissants le scénario fait penser à un Robin des Bois qui serait anarchiste. Ici le héro se contente de
semer la zizanie en haut lieu, c’est un terroriste qui ne provoque que des
blessures d’amour-propre. L’humour corrosif, toujours présent, rend la lecture
très agréable. A la dernière page on regrette que ce soit déjà fini.
Ma note : 4,5 / 5 et coup de cœur