Le club des polarophiles québécois
RP (Juillet 2012)
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Au
Mexique Leobardo Méndez est le patron d’une unité spéciale contre la corruption
publique et le crime organisé, appelée par tous Groupe Diogène. Il a énormément de boulot et de courage car il gêne
beaucoup de monde et perturbe le bon déroulement des trafics. Il collabore avec
Isabel Puente qui dirige, côté États-Unis, la division transfrontalière de
lutte anti-corruption. En échange de la levée de toute sanction, Isabel Puente
décide d’utiliser Pascatore pour lui fournir des informations concernant les
trafics dont il est témoin. C’est ainsi que Pescatore infiltre le milieu
mafieux mexicain, ce qui n’est pas sans risque ! Il se débrouille si bien
qu’il arrive dans la garde rapprochée d’un mafieux notable, protégé par son
oncle sénateur mexicain.
Sebastian
Rotella nous décrit un monde hallucinant, sans loi, où le crime, les trafics de
drogue, d’armes et d’êtres vivants prospèrent avec la complicité et la
participation de la police et des hommes politiques. La frontière américano-mexicaine
puis la triple frontière Brésil-Argentine-Paraguay sont des pétaudières
propices à tous les commerces frauduleux mais profitables. Les policiers sont
corrompus. D’ailleurs ils peuvent être arrêtés du jour au lendemain et jetés en
prison par d’autres policiers. L’État est quasiment inexistant ou trop
préoccupé à passer des arrangements pour remettre de l’ordre dans tout ça.
La
critique de la corruption et de l’impuissance des pouvoirs publics est sévère.
Les hommes politiques sont décrits comme des arrivistes, cyniques ne se
préoccupant ni des lois ni des gens. Seuls comptent leur carrière et leurs
intérêts personnels. Ce sont eux qui permettent tout ça et au besoin
l’organisent même.
Il y a
des polars qui offrent un plaisir de lecture sans vraiment nous apprendre quoi
que ce soit. Ce n’est pas d’ailleurs pas ce qu’on leur demande. Ici nous avons
un polar qui est aussi un documentaire glaçant. Sebastian Rotella, grand
reporter, spécialiste des questions de terrorisme et de crime organisé, signe
un livre qui s’inspire de la réalité. Les évènements des frontières, les
milieux de la police et celui des trafiquants sont vrais. Outre son aspect
documentaire, ce livre a aussi une dimension politique.
Un
petit regret pour terminer : le livre est parsemé de phrases en espagnol
dont on comprend à peu près le sens, sans connaître la langue. Mais il me
semble que l’éditeur aurait pu faire l’effort de les traduire en français par
des renvois au bas de page, cela aurait amélioré la compréhension.