Karine Giébel

Voir la fiche 5-étoiles de Raymond sur cet auteur.

Les morsures de l'ombre
Meurtres pour rédemption

Les morsures de l'ombre

RP (Raymond Pédoussaut) - juin 2010

En un coup d'oeil

  • Date de publication: 2007 (Pocket, puis Fleuve Noir).
  • Genre: Suspense
  • Mots-clés: séquestration, manipulation, huis clos, vengeance.
  • Personnages principaux: Benoît Lorand commandant de police, Lydia belle jeune femme.
  • Résumé: ici.

À mon avis

Le commandant Benoît Lorand de la police judiciaire n'est pas un modèle de fidélité. Aussi quand il aperçoit une belle jeune femme rousse en panne de voiture il n'hésite pas à l'aider, avec une petite idée derrière la tête quand même. Elle n'est pas trop farouche, il la suit chez elle, ils prennent un verre, il la prend dans ses bras et …

Réveil ! Pas dans un lit douillet aux côtés de la belle mais dans une cave, derrière des grilles. Que s'est-il passé ? Benoît comprend qu'il est prisonnier, mais en n'en comprend pas les raisons. Sa geôlière ne se contente pas de le séquestrer, elle veut lui faire payer, très cher, une faute qu'il aurait commise dans le passé. Elle l'observe, l'étudie, le prive de nourriture, de boisson, d'hygiène. Quel est donc ce crime pour lequel il doit expier ? Il ne voit pas. Est-il aux mains d'une folle ?

Lydia, elle, sait précisément : sa sœur a été violée et tuée impunément. Maintenant elle tient le coupable, il va payer mais avant de mourir il va avouer, reconnaître son crime, demander pardon.

Benoît garde un espoir, sa femme va donner l'alerte et ses collègues du commissariat vont le retrouver.Un compte à rebours terrifiant s'est déclenché. Benoît résistera-t-il assez longtemps aux morsures de l'ombre pour qu'on puisse le retrouver et le libérer ?

Le livre raconte un huis clos étouffant entre les deux personnages. Le style est direct, sans fioritures. Ce livre est court et se lit facilement. L'auteur réussit à piquer notre curiosité et nous tenir en haleine jusqu'à la fin.

La fin, parlons en : j'ai lu quelque part que la fin était prévisible. J'en conclus qu'il y a quelques lecteurs (pas beaucoup quand même) qui sont drôlement perspicaces car pour ma part j'ai rien vu venir, ou alors très tard quand un troisième personnage entre en scène.

Ah ! Autre chose : si vous êtes amateur de happy end et que vous adorez le moment où le héros triomphe brillamment du mal avec sa dulcinée qui se pâme dans ses bras virils, vous allez n'allez pas aimer la fin tragique et sombre. C'est aussi le cas des trois autres romans de Karine Giebel que j'ai lus et de ceux que je n'ai pas lus aussi, je pense. C'est une femme qui préfère le noir au rose. Que voulez-vous, ici on n'est pas dans l'édition Harlequin ! Donc, si le noir ne vous effraie pas trop, vous apprécierez ce bon polar.Les autres livres de cet auteur sont tout aussi bons.

Le sujet du bouquin n'est pas d'une grande originalité. Il y a des ressemblances avec Misery de Stephen King concernant les thèmes de la séquestration et du harcèlement mais je trouve qu'ici aussi ces sujets sont très bien traités.

Si quelqu'un vous en veut, priez pour que ce ne soit pas une femme... (Relevé sur le site Fleuve Noir). Cela s'applique parfaitement à ce polar d'excellente qualité.

Voir ma fiche auteur 5 étoiles de Karine Giébel Ici

Ma note: 4,5 / 5 et Coup de coeur.


Les morsures de l'ombre
Meurtres pour rédemption

Meurtres pour rédemption

RP (Raymond Pédoussaut) - juin 2010

En un coup d'oeil

  • Date de publication: 2006 (Rail noir), puis 2010 (Fleuve Noir).
  • Genre: Roman noir
  • Mots-clés: Prison, torture, violence, rédemption.
  • Personnage principal: Marianne jeune fille de 20 ans.
  • Résumé et critique: ici.

À mon avis

Quelle claque ce bouquin ! Autant vous prévenir tout de suite : si vous êtes fragile psychologiquement assurez vous que vous avez votre stock de Prozac avant d'attaquer ce pavé de 760 pages car ce livre vous remue les tripes et le cœur.

Marianne de Gréville, jeune fille de 20 ans, a déjà assassiné 3 personnes. Une suite implacable d'évènements l'a amenée au meurtre sans qu'il y ait vraiment intention délibérée au départ. Elle a été prise et condamnée à perpète.

La première partie du livre décrit sa vie en prison, dans cet univers carcéral, ce monde où les règles courantes de vie en société sont abolies. Ici pas de conventions sociales, pas de règles de politesse ou de bienséance mais un code de survie : c'est la loi de la prison proche de la loi de la jungle. Satisfaction des besoins primaires : manger, boire, dormir, éviter les dangers, les prédateurs…survivre ! Les sentiments aussi sont à l'état brut : haine, jalousie, et même amour : tout est plus fort, plus dépouillé que dans la « civilisation ». Tout y est plus simple … et plus dangereux !

Dans cet univers impitoyable, les femmes sont aussi violentes et cruelles que les hommes. On sait qu'elles peuvent être terribles nos tendres et douces compagnes et c'est bien le cas ici.

Punitions, humiliations, brimades, tortures sont le quotidien de Marianne. Mais elle est indomptable. C'est une furie, une tigresse, une vraie grenade dégoupillée. Elle encaisse beaucoup, se défend aussi car elle est extrêmement dangereuse, c'est une ancienne championne de karaté. Elle est capable de foutre une dérouillée à 3 hommes à mains nues, alors il faut faire gaffe !

Sa réputation est bien établie au sein de la prison, c'est une star. Mais d'autres filles sont des cheftaines de meutes aussi sauvages qu'impitoyables. Marianne est une rivale pour elles. C'est aussi une adversaire pour certaines femmes matons qui profitent de leur position pour assouvir de sombres penchants.

Elle doit se battre, subir aussi la terrible loi de la prison. Elle aimerait bien que ça s'arrête un jour et le lecteur aussi ! Car c'est dur de lire tous les sévices endurés par Marianne ou par sa co-détenue dans la même cellule. Il faut parfois s'accrocher pour continuer la lecture tellement c'est effrayant. Ma seule réserve sur le livre est là : dans ce goût de l'auteur pour la souffrance et la douleur.

Pourtant au milieu de ce calvaire sans fin jaillit l'amour. Le vrai, l'absolu! Celui qui fait que la vie de l'être aimé compte plus que sa propre vie. Ne croyez pas que l'on bascule dans le style fleur bleue, non ! Ce n'est pas le style de Karine Giébel, elle n'est pas prête à entrer dans la collection Harlequin !

Les trains c'est la liberté pour Marianne. Le bruit des trains qui passent au loin lui permet de s'évader virtuellement. Les cigarettes, la drogue et les livres aussi.

Dans la deuxième partie du livre, on n'est plus dans l'épouvantable univers carcéral. Marianne est tirée de prison et on lui propose un marché redoutable, une mission à accomplir en échange de la liberté. Mais les choses ne vont pas vraiment s'arranger. Elle n'est pas davantage affranchie qu'en prison.
La liberté, Marianne la trouvera uniquement à la fin du livre. Je n'en dirai pas plus.

On dit parfois que les écrivains français se regardent écrire et produisent beaucoup de mots inutiles. C'est pas le cas de Karine Giébel : dans une seule ligne, il peut y avoir 3 phrases. C'est un style au rythme saccadé, haché, qui convient bien au récit.

Ce livre plaira à ceux qui aiment être secoués, bouleversés. Il est à déconseiller à ceux qui ne supportent pas la violence et qui préfèrent les atmosphères plus feutrées où même le meurtre se fait avec classe et distinction. Ici c'est l'horreur sans fard qui est montrée. Le livre met les nerfs à vif. J'ai vu des amies, qui l'évoquant, avaient la gorge serrée et les larmes au bord des yeux. Preuve que malgré sa violence il touche quelque chose de profond en nous. L'auteur réussit à susciter à la fois répugnance et l'émotion. C'est horrible et beau en même temps.

Que de souffrances, que de douleurs dans ce bouquin !

Marianne si monstrueuse et si humaine, si forte et si faible.

« Une fille faite pour un bouquet Et couverte Du noir crachat des ténèbres » Paul Eluard

On sort du bouquin comme d'une tempête: un peu secoué mais conscient d'avoir assisté à quelque chose de fort. Ce livre n'est pas de ceux qu'on oublie immédiatement une fois refermé, il vous imprègne encore un certain temps après avoir tourné la dernière page. On redoute aussi que le prochain livre ne paraisse bien terne après celui-ci.

Quelques remarques pour finir :

Sur l'auteur d'abord : toute en rondeurs, bonne vivante apparemment (d'après les photos) mais qui écrit avec telle violence, une telle noirceur qu'on se demande dans quelles profondeurs elle va puiser ses idées.

La première édition du livre au Rail Noir, en 2006, avait une police petits caractères, fatigante pour les yeux, qui n'a pas vraiment servi le livre. Cette édition a été rapidement été épuisée. Le livre est devenu introuvable pendant quelques années. Puis le nouvel éditeur Fleuve Noir l'a représente en 2010 comme si c'était une nouveauté.

Karine Giébel et la SNCF semblent liées : ses premiers livres ont été publiés aux Editions du Rail. Ici Marianne assimile les trains et la liberté. La SNCF, reconnaissante, lui a attribué le Prix SNCF du Polar pour les Morsures de l'Ombre (prix mérité par ailleurs).

Concernant la note dans un premier élan j'ai failli coller carrément un 5 puis, à cause d'une certaine complaisance dans la souffrance, j'ai pensé 4 alors finalement ce sera 4,5.

Voir ma fiche auteur 5 étoiles de Karine Giébel Ici

Ma note: 4,5 / 5 et Coup de coeur.