John Hart

La rivière rouge
L'enfant perdu

La rivière rouge

JH (juillet 2009)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2007 (Down River)
  • Date de l'édition française: 2009 (JC Lattès, 402p)
  • Genre: énigme, suspense.
  • Mots-clés: secrets de famille.
  • Personnage principal: Adam Chase.
  • Prix: Edgar Award 2008
  • Résumé: ici
  • Lien externe: le site officiel de l'auteur.

À mon avis

John Hart est un jeune romancier américain qui avait déjà fait une entrée remarquée dans le monde du polar avec Le roi des mensonges (que je vous recommande, tout aussi bien que celui-ci). La rivière rouge est son second roman (sans aucun lien avec le premier). Un troisième (The Last Child) vient de sortir en anglais: il faudra surveiller attentivement la sortie de l'édition française. (Note 2010: c'est fait. Voir L'enfant perdu ci-dessous).

Natif de la Caroline du Nord, Hart y situe ses romans, dans des milieux ruraux ou dans des petites villes où l'on retrouve les caractéristiques classiques de ces milieux: écarts entre riches et pauvres, poids des traditions, densité du tissu social, importance des histoires familiales et des liens sociaux remontant souvent à plusieurs générations.

Le fonds de commerce de Hart, ce sont les familles dysfonctionnelles, avec les tensions, jalousies et vieilles histoires qui finissent par conduire au meurtre. Père riche, puissant et dominateur, épouse dépressive et fatiguée, enfants partagés entre l'amour et la jalousie, secrets de famille, filiations secrètes, vieilles amitiés et tutti quanti: un cocktail explosif d'autant plus intéressant que Hart a un réel talent d'écrivain. Les personnages sont vivants et complexes, chacun avec leurs qualités, leur part d'ombre et leurs secrets. Malgré un rythme plutôt lent, l'intérêt ne se dément pas, l'auteur sachant bien mettre graduellement en lumière la complexité de personnages qu'on avait trop rapidement catalogués. De même, le climat de la petite ville du Sud est fort bien rendu sans longueurs descriptives inutiles.

Sans être particulièrement originale ou tordue, l'intrigue est correctement charpentée. Dans ce milieu relativement clos, les suspects sont peu nombreux et l'identification du coupable n'arrive donc pas comme une totale surprise, mais le dénouement demeure satisfaisant.

Un roman solide qui confirme Hart comme un auteur à surveiller. S'il parvient à maintenir ce niveau de qualité, il deviendra l'un des auteurs majeurs du polar américain. (note 2010: cela semble aller dans ce sens; voir L'enfant perdu ci-dessous).

Ma note: 4/5


La rivière rouge
L'enfant perdu

L'enfant perdu

JH (août 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2009 (The Last Child)
  • Date de l'édition française: 2010 (JC Lattès, 494p)
  • Genre: roman noir.
  • Mots-clés: enlèvement, résilience, amitié.
  • Personnages principaux: Johnny Merrimon, jeune garçon de 13 ans; l'inspecteur Hunt, officier de police en Caroline du Nord..
  • Prix: Edgar Award 2010.
  • Résumé: ici
  • Critique: .
  • Lien externe: le site officiel de l'auteur.

À mon avis

Tout comme ce fut le cas avec son roman précédent, John Hart vient de remporter, avec celui-ci, le prestigieux Edgar Award 2010. Amplement mérité, à mon avis.

L'éditeur français a, bizarrement, traduit le titre anglais The Last Child par L'enfant perdu. Erreur du traducteur qui aurait confondu Last et Lost? Ou coquetterie d'éditeur? Quoi qu'il en soit, avec un angle différent, les deux titres conviennent parfaitement au roman, centré sur un enfant hors de l'ordinaire, le petit Johnny.

Sa soeur jumelle a été enlevée il y a un an. L'enquête policière n'a rien trouvé et le dossier sommeille depuis. Mais Johnny, malgré une vie en lambeaux, une famille éclatée et une souffrance morale intense, n'a pas baissé les bras. Il cherche toujours sa soeur et, malgré les moyens limités d'un garçon de 13 ans, son enquête finit par donner de meilleurs résultats que celle de la police. Parallèlement, l'inspecteur Hunt, responsable de l'enquête policière, même s'il a dû fermer le dossier à l'époque, garde de loin un oeil sur Johnny, auquel il s'est attaché, ainsi que sur sa mère, dont il n'ose pas s'avouer qu'il est en train d'en devenir amoureux.

L'intrigue est simple, mais sans faille; lente, mais bien construite; pas totalement imprévisible, mais quand même satisfaisante. Mais ce roman n'est ni un thriller ni un roman de procédure policière: c'est davantage un roman psychologique, dont la qualité provient de l'exceptionnelle densité de ses personnages. Qu'il s'agisse de Johnny, étonnant de ténacité et de résilience, de l'inspecteur Hunt, blasé mais tendre, de la mère de Johnny, dépressive et alcoolique, de Jack, le copain de Johnny, manchot souffre-douleur ou de Freemantle, colosse noir schizophrène, tous ces personnages sont décrits de l'intérieur avec une acuité psychologique qui nous les rend attachants. On pénètre dans ce petit monde comme dans une bulle et on n'en sort plus.

Le roman n'est pas sans défauts: la maturité que l'on prête au jeune Johnny et qui conviendrait davantage à un ado de 16 ans; les inévitables pages en italiques qui traduisent de l'intérieur l'esprit brouillé d'un schizophrène; quelques longueurs descriptives et quelques prétentions à faire littéraire. Mais la force narrative, l'obsession de justice, la complexité des personnages font passer facilement par-dessus ces imperfections. Certains disent, à juste titre selon moi, que Hart fait penser à Steinbeck ou à Ellory. Jusqu'ici, Hart tient ses promesses.

Ma note: 4,5 / 5


La rivière rouge
L'enfant perdu