Critique express (JH - mars 2012)

De bons voisins (de Ryan David Jahn)

Ce roman part d'un fait divers réel des années 60 : une femme est agressée à coups de couteau dans un quartier de New York et, parmi des dizaines de témoins, aucun ne se porte à son secours ni n'appelle la police, se dédouanant en se disant que quelqu'un d'autre l'a sans doute fait. Autour de cette attaque, le romancier donne un coup de projecteur dans la vie personnelle de chacun de ces témoins, qui n'ont en commun que leur proximité physique du drame et le fait que leurs soucis personnels ne les rendant pas très empathiques: deux couples échangistes, un jeune homme convoqué pour son service militaire, deux homosexuels, un flic ripou, deux ambulanciers, etc.

La narration est glaciale, dans un style qui rappelle L'étranger de Camus et reflète bien l'insensibilité des personnages et leur faiblesse morale, leur petite lâcheté. Les chapitres sont courts et percutants, chacun des personnages est croqué de façon saisissante avant que le projecteur ne bascule vers l'étage au-dessus ou l'édifice en face. La technique romanesque est efficace et l'intérêt demeure, même s'il ne se passe finalement pas grand chose dans ces deux heures qui constituent le cadre temporel de ce court roman. Comme roman tranche de vie quasi-documentaire, il mérite davantage que les 3,5 que je lui attribue comme polar: un meurtre, oui, mais un mobile pas très clair, un coupable connu, pas d'enquête, pas de policier, pas de résolution. CLairement, le but de l'auteur était ailleurs.

Ma note: 3,5 / 5