Le club des polarophiles québécois

Le verdict du plomb (de MichaelConnelly)

JH (20 décembre 2008)

Note: si ce n'est déjà fait, lire notre entrée 5 étoiles sur Michael Connelly.


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2008
  • Date de l'édition française: mai 2009 (Le Seuil)
  • Genre(s): polar judiciaire
  • Mots-clés: procès
  • Personnage principal: Mickey Haller, avocat criminaliste à Los Angeles
  • Série: C'est le second roman (après La défense Lincoln) mettant en vedette l'avocat Mickey Haller.
  • Excellent résumé et article plus général sur Connelly: ici.

À mon avis

Bosch est là, mais ce n'est pas un Bosch. Le personnage principal est plutôt Mickey Haller, l'avocat qui a son bureau dans l'une de ses trois Lincoln et dont on avait fait la connaissance, justement, dans La défense Lincoln (le titre original, The Lincoln Lawyer, est plus précis). Gravement blessé à la fin de cette aventure, il a développé une addiction aux médicaments pendant sa convalescence et, après un quasi-naufrage personnel et professionnel, il décide de se remettre graduellement à la pratique du droit. Un avocat de sa connaissance est assassiné et, par ordre de la cour, Mickey se voit confier tous ses dossiers, dont une histoire de double meurtre dont est accusé un prestigieux producteur de Hollywood. Pendant qu'un certain détective Bosch est chargé de faire la lumière sur le meurtre de l'avocat, Mickey Haller doit préparer un méga-procès en quatrième vitesse, ne sachant pas si lui-même est ou non dans la mire du tueur. Et un journaliste du Times, un certain Jack McEvoy (qui était, on s'en souvient, la vedette du Poète) couvre le procès.

Même si Connely n'est pas avocat, il nous livre ici un polar judiciaire tout à fait classique, conforme aux règles du genre. Un client dont on ne sait pas vraiment où il loge, une stratégie de défense intelligente et habilement menée, des contre-interrogatoires dignes de Margolin, et une finale à rebondissements multiples qui attache tous les fils ensemble et éclaire toutes les zones d'ombre, tout est à sa place et impeccablement ficelé. On n'en attendait pas moins de Connelly.

Mais on retrouve aussi la griffe très personnelle du romancier: un héros à la fois fort et fragile, un souci moral qui transcende les difficultés personnelles, des petits gestes humains posés avec pudeur au milieu d'un univers de foire d'empoigne et un regard très connellyen sur les clairs et les obscurs de Los Angeles. Mais aussi ce souci de situer une histoire, pourtant autonome, dans le reste de l'univers de Connelly en tissant des liens entre divers personnages des autres romans. Ainsi, c'est une expérience particulière de voir Harry Bosch (qui tient dans cette histoire un rôle secondaire) décrit de l'extérieur, à travers les yeux de Haller qui ne le connaît pas. D'autant plus que nous savons (depuis La glace noire et La défense Lincoln) qu'ils sont demi-frères, ce que Mickey ignore.

Et le petit caméo de Jack McEvoy rappelle non seulement Le poète, mais prépare également le terrain pour le prochain roman de Connelly (The Scarecrow,) qui ramène McEvoy sur le devant de la scène, avec son ancienne flamme Rachel Welling.

Bref, un Connelly d'excellente facture qui ne décevra pas les fans et démontre que le romancier demeure au meilleur de sa forme.

Ma note: 4,5 / 5


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