Le club des polarophiles québécois

Le chuchoteur (de Donato Carrisi)

JH (août 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Chaude recommandation d'amis, Palmarès et Coup de coeur chez mon libraire, dithyrambe sur les blogues: j'abordais ce premier roman de Donato Carrisi avec des dispositions favorables. Le résultat est beaucoup plus mitigé, malheureusement.

Mila, policière spécialiste de la disparition d'enfants, est nouvellement intégrée à l'équipe du profileur Goran Gavila pour résoudre le cas de six enfants disparus et dont on n'a retrouvé que le bras gauche, enterrés dans une fosse. L'équipe, enfermée dans le Pensoir, un bureau où ils passent même leurs nuits, découvre graduellement que les meurtres semblent avoir été commis par des criminels différents, malgré la similitude des victimes et du modus operandi.

Cette amorce, originale et intelligente, débouche assez tôt dans le roman sur l'explication: derrière ces différents criminels, il y a un chuchoteur, un serial killer qui, comme Charles Manson, ne commet pas les crimes lui-même mais y pousse les autres. Qui est-il et comment s'y prend-il? C'est la question centrale de l'intrigue à laquelle, curieusement, le roman n'apporte pas de réponse. C"est la première fois que je lis un polar où on ne finit pas par connaître l'identité du criminel et, croyez-moi, c'est particulièrement frustrant! L'auteur s'est-il ménagé un sequel qui nous forcerait à acheter le second livre pour trouver la réponse? Sais pas. Mais ne l'achèterai pas.

Tout n'est pas mauvais dans ce roman et mon 3,5 final est un arbitrage un peu boiteux entre des réelles qualités et des défauts particulièrement agaçants.

Côté jardin: des personnages crédibles et bien étoffés, une bonne connaissance du profilage criminel, un rythme soutenu avec abondance de retournements, une intrigue qui tient à peu près la route, une atmosphère oppressante bien rendue à travers les yeux de Mila, le personnage principal.

Mais, côté cour: le truc ultra-éculé de la trahison de membres de l'équipe d'enquêteurs, l'appel à un médium psychique pour faire progresser l'enquête, les pages en italiques qui ne prennent un sens qu'à la fin, des lieux impersonnels (rien ne nous dit qu'on est en Italie. D'ailleurs, est-on en Italie?), les considérations pseudo-philosophiques banales sur le mal dans le monde. Bref, trop d'irritants pour que la lecture soit vraiment satisfaisante. Pas mauvais, certes, mais je ne m'explique guère que certains trouvent ce roman extraordinaire ou même génial ... Si vous y tenez, empruntez-le plutôt à la bibliothèque.

Ma note: 3,5 / 5