Au coeur du mal et L'étreinte du mal (de Chelsea Cain)Le club des polarophiles québécois
Au coeur du mal et L'étreinte du mal (de Chelsea Cain)JH (novembre 2009)
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Les deux romans sont en suite directe l'un de l'autre, et il est impératif de les lire dans l'ordre (donc, en commençant par Au coeur du mal). Si vous faites comme moi, au contraire, vous passerez votre temps à essayer de reconstruire ce qui s'est passé avant sans que cet exercice ne soit vraiment satisfaisant.
Le coeur de ces deux romans qui n'en font qu'un (et un troisième, déjà paru en anglais, viendra compléter la trilogie), c'est une passion malsaine et dévorante, une véritable addiction, qui unit Archie le policier et Gretchen la tueuse, surnommée l'Artiste. Pour traquer Gretchen, auteur de deux cents meurtres (!), Archie est prêt à tout sacrifier; et lorsqu'il la trouve, il tombe sous son charme vénéneux. Il y perdra sa famille et sa santé physique et mentale.À la fois chasseur et proie, il essaie de marcher sur la clôture: mettre Gretchen hors d'état de nuire mais aussi tout faire pour la revoir encore et encore.
Cette passion, l'auteur la traite de l'intérieur, exactement comme d'autres romanciers traitent la dépendance de leur détective à l'alcool ou à l'héroïne. On est dans l'extrême et dans l'irrationnel. Comme lecteur, on y croit ou pas et donc, selon le cas, on aime ou on déteste le roman. Si l'on accepte qu'une femme puisse, comme les Sirènes antiques, avoir un pouvoir mortel de séduction et de manipulation et qu'un homme puisse être dévoré par la passion au point de sacrifier ce qu'il a de plus cher pour cette ivresse, ce roman est prenant, voire, sans jeu de mots, passionnant. Du côté d'Archie, la question est, chaque fois, cédera ou cédera pas? retombera ou non? Les motivations de Gretchen sont plus complexes et ambivalentes: elle l'aime, mais ne peut s'empêcher de lui faire du mal. Bref, l'opposition classique entre Eros et Thanatos, ainsi que leur attirance réciproque, revisitées dans un cadre de thriller. Vous vous direz fréquemment Non, mais ça se peut-tu: il ne va pas encore se faire avoir! Exactement la réaction que nous avons devant l'alcoolique qui, après un combat intérieur apocalyptique, finit par entrer dans le bar ...
Autour de cette passion qui constitue l'épine dorsale de l'histoire, une enquête policière assez classique et des intrigues secondaires habilement greffées à l'intrigue principale font progresser la trame romanesque, agrémentée de rebondissements quelque peu convenus. Un roman parfois agaçant, mais original par la relation complexe et hors-normes entre les deux protagonistes.
Ma note: 4/5