Le club des polarophiles québécois

Coupable? (de David Hosp)

JH (25 janvier 2009)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2007 (Innocence)
  • Date de l'édition française: 2007 (First) et 2008 (Points)
  • Genre(s): polar judiciaire, whodunit.
  • Mots-clés: test ADN, erreur judiciaire.
  • Personnages principaux: Scott Finn, avocat criminaliste à Boston; Tom Kozlowski, détective privé.

À mon avis

David Hosp est avocat. Coupable? est son troisième roman, mais le premier traduit en français. En plus de sa pratique habituelle du droit et de son activité de romancier, Hosp collabore bénévolement au New England Innocence Projet, une association vouée à la rectification d'erreurs judiciaires, notamment par le recours aux tests d'ADN qui n'étaient pas disponibles au moment de la condamnation des accusés. Ce roman illustre, dans un cadre fictif de polar, une de ces causes typiques.

Le résumé de l'intrigue est ICI.

Ce roman n'est un polar judiciaire que par la bande, puisque seules une trentaine de pages, vers la fin, se déroulent en cour. L'essentiel du roman est consacré à l'enquête que mènent Finn et Koz pour tenter de prouver que leur client, Vincente Salazar, immigrant salvadorien, a été victime d'une erreur judiciaire, sinon même d'une machination policière.

Au-delà d'une intrigue rondement menée et d'un éclairage documentaire sur l'exploitation des immigrants illégaux, l'intérêt du roman tient dans le point d'interrogation de Coupable? (et si on préfère le titre original Innocence, dans le fait de se demander ce qu'est exactement l'innocence). Dans ce livre, tout le monde ment; ou plus exactement, ceux qui ne mentent pas ne disent pas toute la vérité. L'avocat Finn ne saura qu'à la toute fin si son client est coupable ou pas. De même, il ne sait pas dans quelle mesure se fier à son associé et ami Koz, puisqu'il est incapable de mesurer dans quelle mesure les vieilles solidarités ne faussent pas son jugement: Koz est un ancien flic lui-même et c'est une de ses collègues de l'époque qui a été pratiquement laissée pour morte par son agresseur ... qui est le client de son associé Finn!

Le roman pose aussi des questions morales intéressantes: dans quelle mesure, par exemple, est-il moral de mentir dans l'intérêt de la justice? Et il illustre - c'est sa visée politique - la fragilité d'un système judiciaire qui repose tout entier sur des témoignages et des preuves qu'il est si facile de manipuler et biaiser.

Narration fluide, personnages assez stéréotypés mais crédibles (l'amitié entre Finn et Koz est attachante), intrigue bien construite, finale satisfaisante (même s'il est relativement facile de la deviner), c'est un polar de bonne facture qui se lit avec plaisir, à défaut de passion.

Ma note: 4/5