Le club des polarophiles québécois

The Fifth Witness (de Michael Connelly)

JH (avril 2011)

Note: voir aussi mon entrée 5 étoiles sur Michael Connelly.


En un coup d'oeil

  • Date de publication : 2011
  • Date de l'édition française: à venir
  • Genre: polar judiciaire
  • Mots-clés: saisies immobilières, vengeance.
  • Personnage principal: Mickey Haller, avocat de la défense à Los Angeles.
  • Résumé et revue de presse (en anglais): ici.

À mon avis

Il se passe quelque chose entre Connelly et son éditeur français (Le Seuil): alors que l'auteur accélère le rythme et publie maintenant deux fois par année (son prochain Bosch, The Drop, est annoncé pour l'automne), l'éditeur français est maintenant 3 romans en retard: 9 Dragons (traduction annoncée pour mai), The Reversal et The Fifth Witness, dont il est question ici.

Comme le titre le laisse bien entendre, il s'agit d'un polar judiciaire, le quatrième de ce qui est en train de devenir la série des Mickey Haller. Après 4 romans, on peut bien parler d'une tendance lourde et Connelly semble s'installer, tout en poursuivant parallèlement la série des Harry Bosch, dans la niche précédemment illustrée par Grisham, North Patterson et Martini - avec au moins autant de talent.

Crise économique oblige, les affaires ne vont pas fort pour l'avocat privé qu'est Mickey Haller. Il développe donc un petit créneau dans la défense des modestes propriétaires californiens d'unifamiliales, victimes de saisie immobilière par les créanciers hypothécaires. Le marché est à court terme, mais fort prometteur. L'une de ses clientes, Lisa, victime d'une de ces saisies brutales, se défend non seulement par la voie judiciaire avec Mickey, mais aussi sur la place publique, en utilisant Facebook pour monter des mouvements de protestation. On le voit, Connelly exploite toujours des thèmes de l'actualité sociale. Le roman commence lorsque le vice-président de la banque créancière de Lisa est assassiné à coups de marteau dans le garage de sa banque. La police a vite fait de relier le marteau et du sang de la victime à Lisa. Même si celle-ci clame son innocence, elle est accusée du meurtre.

La courbe de l'intrigue est différente de celle du polar judiciaire classique. Dans ce dernier, l'accusé semble coulé d'avance par une accusation béton et la défense le hisse petit à petit, par la force des bras, jusqu'à la surface. Pas ici. En fait, Mickey semble avoir la partie belle car, si le motif est indiscutable, la preuve est mince et pleine de trous. Mais les choses se mettent à aller de mal en pis pour la défense, qui encaisse coup sur coup aux mains d'une procureure brillante et déterminée ... au point qu'on se demande si Mickey et sa petite équipe ne sont pas en train de défendre une vraie coupable qui leur a habilement menti.

Je n'en dis pas plus, sinon que, comme dans tous les romans de Connelly, vous serez surpris encore une fois par la finale, où le double retournement spectaculaire est pourtant bien annoncé, à la loyale, par deux petits détails innocents pourtant bien plantés dans l'intrigue. Mais chez Connelly, rien n'est jamais innocent, on le sait, et il nous refait le coup encore une fois, avec sa maestria coutumière.

Pour le reste, la facture est classique, avec l'écriture pure de Connelly (un peu plus subjective que dans les Bosch puisque les Mickey Haller sont tous écrits à la première personne). Les scènes de prétoire et les arguments juridiques sont parfaitement maîtrisés. Même si Connelly n'a pas une formation d'avocat, sa recherche juridique semble crédible et sans faille. Il y a aussi des (petits) développements dans la vie sentimentale de Mickey. Il tente depuis trois romans de reconquérir son ex, Maggie, et les choses sur ce plan sont rendues particulièrement compliquées du fait que Maggie, procureure de son état et qui tenait la vedette dans The Reversal, est une bonne amie ... de la procureure qui fait face à Mickey dans cette cause!

Signalons enfin (ce qui n'a aucun lien avec l'intrigue, d'ailleurs) qu'à la toute fin du roman, Mickey annonce son intention de quitter la défense et de poser sa candidature au poste de District Attorney. Connelly envisage-t-il de terminer là sa série? Ou d'explorer les prochaines intrigues Haller du point de vue d'en face, comme il l'avait fait dans The Reversal? Il faudra attendre le prochain roman pour le savoir.

Pour l'instant, celui-ci est du pur bonbon pour les fans de Connelly comme moi. Si vous lisez le moindrement l'anglais, n'attendez pas la traduction française ... qui risque d'arriver bien après la fin du monde du calendrier maya en 2012!

Ma note: 4,5 / 5