Le club des polarophiles québécois

La guerre des vanités (de Marin Ledun)

JH (décembre 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Le point de départ de l'histoire était intéressant: dans une petite ville de province, une série de suicides d'adolescents inexpliqués, sans avertissement, sans lettre de suicide, et tous filmés sur vidéo. L'inspecteur Korvine, un étranger dans cette petite ville close où tout le monde se connaît, mène l'enquête. Mais il se bute au mutisme ou aux mensonges des habitants, qui semblaient savoir mais, pour une raison qu'il ignore, ne veulent pas parler ou ont peur de parler.

Le roman a aussi quelques prétentions sociales: les méfaits du tabac (Korvine continue à fumer malgré un cancer probable); le fossé intergénérationel entre les ados et leurs parents; la solitude, la perte des valeurs. Le climat oppressant de la petite ville où tant de choses sont tues ou cachées, pour ne pas ternir l'image.

Mais la mayonnaise ne prend pas. D'abord à cause des longueurs et des redondances. L'enquête piétine. On ne nous fait grâce d'aucune des questions, hypothèses et nombreuses récapitulations de l'équipe d'enquête. Chaque suicide donne lieu à la ronde d'examens du médecin légiste, de l'interrogatoire des parents et amis, aux réflexions désabusées de Korvine, et tout cela pour tourner en rond et n'avoir qu'un suicide de plus sur les bras, sans que le puzzle ne s'éclaire davantage. Cela permet, évidemment, de s'apesantir longuement sur la frustration des enquêteurs et de passer à une ennième récapitulation. Et ça recommence ...

Et la finale n'arrange rien. La série de suicides s'arrête à la suite des interventions de la police, mais on ne saura jamais vraiment ce qui avait poussé ces ados à se supprimer - puisqu'il n'y a, au final, ni coupable, ni réseau, ni conspiration, ni meurtres déguisés. On reste sur sa faim. Ce roman semble avoir eu un grand succès sur les blogues; j'ai dû rater quelque chose ...

Ma note: 3/5