Le club des polarophiles québécois

Sherlock Holmes et le Fantôme de l'Opéra (de Nicholas Meyer)

MD (mars 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 1993 (The Canary Trainer)
  • Date de l'édition française: 1995 (Archipoche, 2009, 245p)
  • Genre: thriller historique léger.
  • Mots-clés: Opéra de Paris, phénomènes mystérieux.
  • Personnage principal: Sherlock Holmes.
  • Résumé et critique: ici

À mon avis

Dans les années 70, j'avais été fasciné par La solution 7% (le film), avant de traverser le livre tout d'une traite. Dix ans plus tard, Meyer accouchait de L'Horreur du West End puis, en 93, de Sherlock Holmes et le Fantôme de l'Opéra. De l'avis de bien des commentateurs, le premier reste le meilleur : Holmes est emmené par Watson chez Freud pour se débarrasser de son addiction à la cocaïne et est entraîné dans une folle aventure où les méthodes du psychanalyste et celles du détective se complètent dans le but de traquer un sombre vilain qui a kidnappé une innocente jeune fille. En prime, une saisissante description de la société viennoise fin de siècle. Dans L'Horreur du West End, Holmes se retrouve aux prises avec Jack L'Éventreur. Je n'ai pas encore pu mettre la main sur ce roman dont on dit beaucoup de bien. Quant au roman qui nous intéresse aujourd'hui, genre de pastiche du roman de Gaston Leroux, Le Fantôme de l'Opéra, bien des amateurs ont été déçus par la légèreté française qui caractérise la façon utilisée par Meyer pour raconter les intrigues mystérieuses qui se déroulent à l'Opéra de Paris aux environs de 1891-92. Pourtant le plaisir que nous avons de retrouver Holmes en apiculteur, puis en violoniste de l'Opéra de Paris, et Irène Adler en diva de renommée internationale qui prend la jeune Christine sous son aile protectrice, est un sentiment fort réconfortant.

C'est vrai que ce n'est pas la création de tension propre à un bon thriller qui anime le projet de Meyer. La curiosité : oui; mais pas vraiment l'angoisse. C'est vrai aussi que le musicien Ponelle ne remplace pas adéquatement Watson, mais pour Holmes non plus et ce n'est pas bien grave. L'auteur connaît son Holmes : sauf une expression déplacée ( C'était un gros gabarit et la perspective de le rosser me fit venir l'eau à la bouche, p. 120), qui serait plus appropriée dans la bouche d'Archie Goodwin ou de Dirty Harry, on retrouve les réactions habituelles de Holmes : jalousie/Dupin, amour/Irène, extravagant/scène du cimetière, entreprenant/suspects... Et la description du Paris moderne (effet du baron Haussmann), particulièrement de l'Opéra Garnier et de la vie qui y grenouille, est intéressante et sert de toile de fond tout à fait pertinente. C'est vrai enfin que les personnages secondaires n'ont pas beaucoup d'épaisseur, ce qui a toutefois pour résultat d'accélérer le rythme et de restreindre le roman à moins de 250 pages, ce que j'apprécie une fois de temps en temps.

Meyer cherche à stimuler notre curiosité, à créer un décor pertinent et à amuser (transformer Gaston Leroux en Directeur artistique implacable et chef d'orchestre talentueux de l'Opéra Garnier, qui va jusqu'à délivrer Sherlock des forces de l'ordre, faut le faire!). L'action de ses romans se situe dans la période de la Grande Lacune 1891-94, où le brillant détective est censé être mort suite à son combat contre Moriarty. Meyer a acquis une bonne connaissance des études holmésiennes et les références et commentaires qu'il nous livre réactivent chez son lecteur la familiarité avec les aventures déjà parcourues. Après avoir décrit Holmes apiculteur, puis Holmes violoniste, il rejoint finalement plusieurs chercheurs qui tentent de retracer l'itinéraire de Holmes pendant ces 3 années de disparition, en indiquant qu'il va retrouver au Monténégro la femme qu'il a toujours aimée.

A lire au soleil en écoutant Carmen. Grises mines s'abstenir.

Ma note: 4/5