Le club des polarophiles québécois

Léonora, agent du doge (de Loredan)

MD (juin 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication: 2008 (Arthème Fayard) et 2010 (Le Livre de Poche)
  • Genre(s): enquête, aventure, historique.
  • Mots-clés: Venise, politique, quotidienneté
  • Personnage principal: Leonora, jeune élève brillante des Ursulines
  • Résumé et commentaires: ici

À mon avis

Pas facile de trouver des informations sur ce Loredan, ou cette Loredan devrais-je dire, parce qu'il me semble que l'auteure doit être une femme, non seulement parce qu'elle préfère porter la moreta, mais aussi à cause de son héroïne avec laquelle on réfléchit souvent et à travers laquelle on observe cette Venise du XVIIIe siècle. Une femme, donc, passionnée par l'histoire, peut-être un prof parce que le souci de nous informer avec précision caractérise le contexte de l'histoire. Et une amante de Venise, sans doute moins la touristique d'aujourd'hui, que celle de la grandeur et de la décadence, quelque temps après la mort de Vivaldi et avant celle de Goldoni. La Venise des parfums, des épices, des cafés ouverts presque toute la nuit sur la Piazza San Marco, de la licence, des couleurs; rivale prestigieuse de Paris et de Vienne.

Bien sûr, il s'agit d'un roman historique, le premier d'une série d'une dizaine. Mais c'est beaucoup plus que ça. L'intrigue n'est pas négligée pour autant et les rebondissements ne manquent pas. La composition rappelle celle des grands romans d'aventures du XVIIIe siècle en Angleterre et en France. Ça bouge pas mal, ce qui n'empêche pas les principaux personnages d'être bien définis. Malgré les crimes et les complots, on sent bien que les bons vont s'en sortir. Donc, une certaine légèreté, plus franco-italienne qu'américaine; ce pourquoi je ne critiquerai pas quelques beaux hasards ni quelques raccourcis.

Par contre, je serais plutôt porté à relever un allongement de la sauce dans les cent dernières pages, comme si l'auteure ne voulait plus finir, et la mise en veille rapide du bel ami de Leonora, Flaminio. Pour ce dernier cas, on se doute bien qu'on le reverra dans les prochaines aventures. Pour l'ensemble, je souhaiterais moins de complications secondaires et une insistance sur le problème principal, pas au point toutefois de bâcler la dimension socio-historique dont la minutieuse description constitue une des grandes valeurs du roman.

Pour les amateurs de romans historiques, sans doute; pour ceux aussi qui ont la nostalgie de cette ville magnifique au passé exceptionnel. Ou simplement pour ceux qui souhaitent un dépaysement garanti.

Ma note: 4/5