Le club des polarophiles québécois

Lisson Grove (de Ann Perry)

MD (septembre 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Ça commence par une poursuite sur les quais du même genre que celle de dernier Monk. Comme un début de film d'action américain. Et, hélas!, ça continue un peu de la même façon. Depuis que Perry travaille sur la série d'espionnage de la famille Reavley, au cours de la Première Grande Guerre, ses romans policiers tendent de plus en plus vers le roman d'espionnage ou d'aventures. C'est le cas des Pitt depuis qu'il est entré dans la Special Branch, organisme créé justement pour analyser la situation explosive de l'Irlande mais aussi pour prévenir toute intrusion étrangère et interne qui risquerait de déstabiliser le cœur de l'Empire britannique. Or, en cette fin de siècle (1894), ça barde en Russie, en France, en Autriche.

Malheureusement, pour les amateurs des polars mettant en scène Pitt ou Monk, nous nous sommes lentement, mais sûrement, éloignés de ce qui nous charmait dans le Londres de Pitt : les crimes affreux analysés et éclairés par un détective tenace, souvent aidé par sa femme, sa belle-sœur et, de temps en temps, tante Vespasia, qui a traversé quasiment tout le siècle en accumulant les connaissances agréables et utiles. Or, depuis que la Special Branch a récupéré Thomas Pitt, ce climat s'est radicalement transformé. Ça ne se sentait pas tellement dans le précédent Buckingham Palace Gardens, parce que Thomas se livrait à une enquête précisément au Palais de Buckingham et qu'on retrouvait donc, à peu près puisqu'il s'agissait là de la famille royale, l'atmosphère et la dynamique propres à une enquête policière de type whodonit au milieu des grandes familles bourgeoises londoniennes.

Dans Lisson Grove, Pitt part à la chasse des méchants anarcho-socialistes de Londres à Saint-Malo via Southampton, pendant que Charlotte et Narraway voyagent en Irlande pour démasquer les fomenteurs potentiels d'une stratégie visant à discréditer Narraway et à lui faire perdre la tête de la Special Branch, et peut-être la tête tout court. En Irlande, Charlotte s'intègre difficilement, l'enquête ne progresse pas, tandis qu'à Saint-Malo on apprend que les socialistes mangent beaucoup de fruits de mer, surtout des crevettes.

Pendant qu'on nous inonde des introspections torturées et tortueuses de Charlotte et que, apparemment, Narraway effectue des recherches (pas très clair parce qu'on n'en a que les conclusions), Pitt échappe à la mort et se retrouve en prison. Au même moment, le principal ennemi de Narraway est assassiné et lui aussi se retrouve en prison, mais dans une prison irlandaise, ce qui est beaucoup plus dommageable. Double coup de théâtre : nos deux héros volent au secours de la reine Victoria. Grâce, en très grande partie, à Vespasia qui joue parfaitement le rôle de déesse ex machina.

Bien écrit, évidemment, mais plutôt rocambolesque, presque une satire. Personnellement, je n'ai rien contre Barbara Cartland, mais je m'attendais à Anne Perry.

Ma note: 3/5