Le club des polarophiles québécois

À l'ombre du mal (de Robert Crais)

JH (novembre 2009)


En un coup d'oeil


À mon avis

Vous avez lu tous les Connelly et vous n'en pouvez plus d'attendre le suivant? Alors vous trouverez le temps moins long avec les romans de son copain Robert Crais. On y retrouve la même Los Angeles, le même souci d'injecter un peu de justice et d'humanité dans un univers noir, la même fragilité intérieure des personnages. Mais les héros de Crais ne sont pas des policiers du LAPD, même s'ils y ont fait un tour. Ce sont des détectives privés, dans la pure tradition du roman noir: Elvis Cole, dont le charme cache une psychologie complexe et Joe Pike, un colosse taciturne redoutable dans les jobs de bras. Voir un site français de fan tout entier consacré à cet auteur.

Cela dit, À l'ombre du mal, 1e roman de la série Cole-Pike, n'est pas son meilleur. Si vous êtes, comme moi, un fan de Crais, vous y retrouverez des vieilles pantoufles, confortables, mais un peu mollasonnes. Si vous ne connaissez pas cet auteur, par contre, commencez plutôt par L.A. Requiem, Indigo Blues, ou L'homme sans passé.

Ça commence de façon accrocheuse. Elvis Cole a, dans le passé, aidé à faire acquitter Lionel Byrd d'un meurtre en faisant la preuve indéniable d'un alibi béton négligé par la police. Mais voilà qu'on retrouve le même Byrd, visiblement suicidé, et en possession de photos de 7 victimes que seul le serial killer a pu prendre. Et cela inclut la victime du meurtre dont Elvis est bien placé pour savoir que Byrd n'avait pas pu le commettre. Pour la police, c'est l'aubaine: 7 meurtres résolus d'un coup par un commode suicide! Mais Elvis n'y croit pas ... et il fait bien!

C'est de l'honnête boulot. On retrouve Los Angeles et Elvis avec plaisir, mais on peut déplorer que son pote Joe Pike n'ait ici qu'un rôle de figuration. Recherche d'indices, fausses pistes, retournement final, les règles sont respectées On ne découvre le criminel que vers la fin et, effectivement, on ne l'avait pas trop vu venir. Sauf que l'on ignorera tout de ses motifs et que l'auteur ne semble pas s'être embarrassé de cette lacune pourtant importante. Comme s'il avait pigé le criminel dans un chapeau et adapté son intrigue en conséquence. Ça demeure bien écrit, avec l'humour grinçant caractéristique de Crais. Mais ce n'est pas vraiment convaincant. Fatigue, usure? Ou passage à vide ponctuel? On attendra le prochain pour trancher.

Ma note: 3/5