Le club des polarophiles québécois

Le poids des illusions (de Maxime Houde)

MD (5 décembre 2008)


En un coup d'oeil


À mon avis

Houde n'a pas encore 40 ans. Depuis l'an 2000, il a publié plusieurs nouvelles dans la Revue Alibis et a commis cinq romans qui mettent en scène le détective privé plutôt paumé Stan Coveleski. J'avais lu son premier, La Voix sur la montagne, que j'avais trouvé plaisant. Les histoires se situent au Québec, plus particulièrement à Montréal, autour des années 1947.

Voici un bon site général sur les romans de l'auteur.J'ai essayé de trouver un site sur le net où ce roman de Houde serait résumé : tous se contentent de répéter le quatrième de couverture qui, en réalité, ne nous apprend pas grand chose sur les trois problèmes que le détective doit résoudre : qu'est-ce qui est arrivé à la fille et à l'épouse de Lalonde? Est-ce que Pierre-Paul Vaucaire a quelque chose à voir avec la mort de Couture? Qu'est-ce qui se cache derrière l'affaire Barrette? Coveleski sillonne la ville de Montréal du Red Light à Outremont, de Rivière-des-Prairies à Notre-Dame-de-Grâces pour répondre à ces questions. Pour y parvenir, il devra vaincre ses anciens collègues de la police de Montréal, la petite pègre de Silvera et surtout l'alcool dans lequel il se noie systématiquement depuis la mort de sa femme.

Étant moi-même Montréalais pur et dur, j'apprécie le décor esquissé par Houde qui réactive plusieurs souvenirs de mon enfance : la Main, le baseball des Royaux, les allusions à la compétition entre les gardiens de but Durnan, Broda et Lumley, le Kik Cola, le Montreal Pool Room, les vieilles Studebakers ou le clin d'oeil discret au Refus global de Borduas. Comme nord-américain, je reconnais aussi ce genre de détectives délabrés comme on en trouve chez Hammett et Chandler. Comme homme, enfin, je suis sensible à l'amitié virile entre Stan et Maranda, le gars de la GRC.

C'est comme amateur de polars que ça se gâte un peu. La première partie du roman, La chute de Coveleski (167 pages sur 465), malgré une enquête, d'ailleurs assez sommaire, se concentre sur la description de la déchéance éthylique de notre héros. Dans la deuxième partie, le cas Vaucaire/Couture n'est pas très convaincant au départ et son rapport à la tentative d'extorsion et au meurtre subséquent n'est pas trop difficile à deviner. Ce n'est donc pas un thriller à proprement parler. Le lecteur n'est pas angoissé et n'a pas non plus à rivaliser de subtilité avec le détective pour élucider le mystère. Celui-ci finit, personnellement, par remonter la pente, mais ne nous séduit ni par son intelligence ni par ses exploits physiques. Le rythme est lent, plutôt linéaire, et le roman se lit facilement; rien là non plus pour nous éblouir. Mais ce n'est pas le but de l'auteur. L'intérêt de Houde est ailleurs. Une sorte de chronique d'un détective privé ben ordinaire au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale dans un Montréal en expansion. Ou la description psychosociologique d'un individu moyen, meurtri par la vie, qui fait ce qu'il peut pour s'en sortir, qui a eu le courage de quitter le milieu policier des ripoux sans avoir pourtant plusieurs cordes à son arc, et dont l'avenir n'est pas rose même si, comme il le dit lui-même, il ne peut plus descendre plus bas. C'est donc un peu injuste de le classer et de le juger dans la catégorie des polars.

Ma note: 3/5