Le club des polarophiles québécois

La promesse des ténèbres (de Maxime Chattam)

JH (janvier 2010)


En un coup d'oeil


À mon avis

Il faut bien un jour faire une fiche sur Maxime Chattam, qui, qu'on l'aime ou non, enregistre néanmoins un succès commercial certain auprès des lecteurs. J'avais lu, il y a quelques mois, La théorie Gaïa, dont je n'avais pas parlé ici parce que l'ouvrage (que je n'avais pas aimé par surcroît) était à cheval entre le fantastique et la science-fiction et plutôt loin du polar proprement dit.

Pour l'essentiel, l'oeuvre actuelle de Chattam se regroupe en trois trilogies romanesques: La trilogie du Mal (la seule qui puisse vraiment entrer dans la catégorie polar) et deux autres qui tirent plutôt sur le conspirationnisme et la SF: Le cycle de l'homme et Autre-monde.

Le présent roman est une addition tardive (2009) à La trilogie du mal et se situe, sur le plan de l'intrigue entre L'âme du mal (2002) et In Tenebris (2003).

L'intrigue s'amorce de façon musclée et accrocheuse. Brady, qui envisage de faire un reportage sur l'industrie du porno, rencontre une actrice issue de ce milieu. Qui se flambe la cervelle dès le début de la rencontre. Brady file sans rien dire à personne (surtout pas à Annabel, sa femme policière), mais décide de mener sa propre enquête qui le mènera dans le monde des clochards vivant dans les souterrains du métro de New-York. En parallèle, c'est Annabel qui est chargée de l'enquête policière sur le suicide (meurtre?) de l'actrice porno en question. La narration croisée exploite habilement ces deux facettes de ce qui est finalement une même enquête.

Mais la suite ne tient pas ces promesses (des ténèbres?). L'enquête est laborieuse et assez banale, on flirte un instant avec le vampirisme (j'ai failli décrocher là, mais c'était une fausse piste, heureusement!) et le coup de théâtre du dénouement est carrément plaqué sur une intrigue qui tournait en rond depuis une bonne centaine de pages.

Une recherche documentaire intéressante et pas trop didactique sur les souterrains de New-York et, accessoirement, sur l'industrie du porno. Une écriture qui se veut "américaine" (Chattam a d'ailleurs logé aux États-Unis la plupart de ses romans), mais qui trahit hélas ses racines franco-françaises dans le sens le plus péjoratif: effets de style gratuits, métaphores martelées (combien de fois compare-t-on le métro de NY au ver dans la Pomme!) pénible manie d'insérer constamment des paragraphes en italiques qui nous livrent les soliloques et monologues intérieurs des personnages (comme pour s'assurer que le lecteur a bien compris!).

Bref, un roman qui aurait pu être intéressant s'il avait été écrit par quelqu'un d'autre. Un vrai Américain, de préférence!

Ma note: 3/5