Le club des polarophiles québécois

Les raisons du doute (de Gianrico Carofiglio)

JH (août 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2006
  • Date de l'édition française: 2010 (Seuil, 262p)
  • Genre: polar judiciaire
  • Mots-clés: dilemme moral, trafic de drogue.
  • Personnage principal: Guido Guerrieri, avocat à Bari, Italie.
  • Résumé et critique: ici

À mon avis

C'est le cinquième roman traduit en français de cet auteur italien, lui-même juge anti-mafia dans son pays. Tous ces romans mettent en vedette Guido Guerrieri, un avocat qui rappelle - tous les blogues l'ont noté - le Victor Carl de William Lashner. Plutôt raté, pas très vaillant, mais brillant quand il le faut et, malgré une morale élastique, capable de sursauts éthiques qui le rendent sympathique.

C'est un curieux polar, sans le moindre petit meurtre, ce qui est exceptionnel. Tout juste un client accusé de trafic de drogue parce qu'on en a retrouvé une bonne quantité planquée dans sa voiture alors qu'il franchissait les douanes au retour de ses vacances. Plantée là à son insu, se défend-il. Voire ...

L'intérêt ne vient pas principalement de l'intrigue, finalement assez mince et sans surprise. C'est la réflexion morale qui soutient le roman. En effet, Guido devient l'amant de la femme de son client et à partir de là, il n'a plus vraiment intérêt à le faire acquitter, voyez. Mais il a malgré tout le devoir de le faire. Bien plus qu'avec les détails de l'enquête, c'est avec ce dilemme que doit se débattre Guido pendant tout le roman. Et c'est écrit dans une langue fluide, intelligente et sensible, au ton toujours juste. C'est à se demander comment Carofiglio réussit à rouler presque 300 pages avec une histoire aussi mince. Mais c'est son talent de romancier de le faire, sans longueurs, sans pathos et avec une touche d'humour bienvenue.

Quelques scènes de prétoire (c'est un polar judiciaire, après tout), mais elles ne sont pas spectaculaires, ne contiennent aucin lapin sorti du chapeau et évitent la dichotomie habituelle entre le méchant procureur et le surhumain défenseur. Mais une réflexion morale intéressante et nuancée sur des concepts de droit essentiels tels que la vérité, le doute (d'où le titre, qui respecte pour une fois scrupuleusement le titre original italien), la probabilité, la construction de sens.

On dit du bien de ses précédents romans. Il y a des chances que je vous revienne avec l'un d'eux un de ces jours (Un témoin inconscient, Témoin involontaire, Les yeux fermés et Le passé est une terre étrangère.

Ma note: 4/5