Le club des polarophiles québécois

Sauver sa peau (de Lisa Gardner)

JH (janvier 2010)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2007 (Hide)
  • Date de l'édition française: 2009 (Albin Michel, 415p)
  • Genre(s): suspense, procédure policière.
  • Mots-clés: cavale, changements d'identité, obsession.
  • Personnages principaux: Annabelle Granger, jeune fille aux nombreux alias; DD Warren et Bobby Dodge, inspecteurs de police à Boston.
  • Résumé détaillé et critique: ici
  • Lien externe: interview avec l'auteure sur ce roman dans Le point.fr.

À mon avis

Lisa Gardner (qui ressemble physiquement de façon frappante à Monica Lewinski - mais cela n'a rien à voir!) est une des vedettes du polar féminin américain. Comme plusieurs de ses consoeurs (Sandra Brown, Kay Hooper et Joy Fielding, par exemple), elle a commencé sa carrière d'écriture par des oeuvres de romance, avant de se consacrer au suspense proprement dit. Elle a maintenant à son actif une douzaine de romans, la plupart traduits en français chez Albin Michel. Et même si elle n'a pas l'envergure de nos valeurs sûres, le niveau de qualité est constant et ne déçoit jamais. Un bon auteur à découvrir en attendant le prochain Connelly ou le prochain Deaver.

S'il faut bien des criminels et des serial killers quant on fait dans le polar, Gardner ne s'attache pas aux aspects sanguinolents et macabres des meurtres, mais plutôt à la psychologie des personnages. Elle tente un mariage pas toujours évident entre le suspense classique (victime sympathique traquée) et procédure policière (puisque les inspecteurs de police y sont bien présents). Dans ce roman, la narration croisée (un chapitre vu à travers Annabelle et écrit à la première personne et le chapitre suivant centré sur les policiers avec un narrateur impersonnel) fait bien ressortir les deux sources d'inspiration. Personnellement, je n'ai pas trop de problèmes avec la narration croisée, devenue un incontournable du polar, mais le passage constant, comme narrateur, de la première à la troisième personne me semble quelque peu agaçant.

À cette réserve près, le roman est bien écrit. L'intrigue, complexe, est amorcée par une question dont il faudra attendre la fin du roman pour avoir la réponse: qu'est-ce que le père d'Annabelle craignait tant, lorsqu'elle était petite fille, pour les faire déménager bursquement tous les ans ou presque et fuir vers une autre ville sous une autre identité? Et, maintenant que son père est mort et qu'elle est devenue une adulte, d'où vient donc la menace actuelle, alors que les deux suspects potentiels sont l'un décédé et l'autre en prison?

L'intérêt ne se dément pas jusqu'à la fin, malgré le rythme quelque peu lent (c'est un suspense, pas un thriller). Le jeu des personnages qui ont changé d'identité n'est pas précisément une trouvaille originale, mais, cette concession faite, l'histoire est menée avec rigueur et d'une main ferme; les fausses pistes sont judicieuses et le dénouement, imprévisible sans pour autant être tiré par les cheveux.

Ma note: 4/5