Souper mortel aux étuves (de Michèle Barrière)Le club des polarophiles québécois
Souper mortel aux étuves (de Michèle Barrière)MD (novembre 2010)
Michèle Barrière est militante écologiste, journaliste culinaire et écrivaine. Elle appartient au mouvement Slowfood France, qui lutte pour sauvegarder le patrimoine culinaire mondial en s'efforçant de concilier les plaisirs de la table et le respect de l'environnement. Voilà une noble tâche. De là à se dire que le roman policier médiéval va permettre à l'auteure de réaliser une appétissante synthèse de suspense, gastronomie et écologie, il n'y a qu'un pas. C'est d'ailleurs ce que laisse entendre l'éditeur : un roman noir et gastronomique médiéval.
Et pourtant!? Comme je possède déjà quelques livres de gastronomie médiévale et que j'ai traversé plusieurs ouvrages d'histoire sur cette période, je m'attendais surtout à trouver une façon originale de développer une intrigue, de situer une histoire captivante, de donner une couleur originale à un thriller bien bâti. J'ai acheté la dernière édition qui s'intitule Les aventures du cuisinier Savoisy et qui contient 3 histoires. J'ai commencé par celle qui a reçu le Prix des lecteurs Livre de Poche, Sélection 2009.
Ce qu'on peut dire de ces lecteurs, c'est qu'ils ont peu d'intérêt pour le polar en tant que tel, ou alors qu'ils risquent de confondre le Candide de Voltaire avec un film de James Bond. L'auteure est sans doute une femme sympathique mais elle n'est pas douée pour écrire un roman policier (elle n'a sans doute pas le temps d'en lire beaucoup). Histoire inconsistante, personnages difficilement crédibles, structure linéaire lassante, après 70 pages, je m'ennuyais ferme, et le comble c'est que les pages commençaient à se décoller (p. 13 à 20, d'un seul coup!). Qui affiche les coups de cœur Renaud-Bray sur les romans? me suis-je demandé. Où est le frère Cadfael? Ou la sœur Fidelma? Ou le frère Athelstan?
C'est certain qu'il y a dans tout ça un certain intérêt, mais pour qui? Pour ceux et celles qui se sentent coupables de lire un polar pour le seul plaisir d'entrer dans une intrigue et de voir comment on va en sortir, de jouer avec un auteur qui nous tend des pièges, sème des fausses pistes, défie notre intelligence ou notre sens de l'observation.
On aura compris : je ne tique pas sur gastronomique, médiéval ou poétique; peu importe le qualificatif. J'accuse les éditeurs de faire semblant de croire qu'on a affaire à un thriller sous prétexte que, dans une histoire, on découvre un cadavre, ou on soupçonne une disparition, et qu'on se demande qui a pu faire ça.
S'il s'agit, pour moi, de juger ce roman du point de vue d'un roman noir, d'un thriller ou d'un polar, alors je ne peux pas dépasser 2/5.
Ma note: 2/5