Le club des polarophiles québécois

Tout est sous contrôle (de Hugh Laurie)

MD (janvier 2011)


En un coup d'oeil

  • Date de publication : 1996 (The Gun Seller).
  • Date de l'édition française: 2009 (Sonatine, Points, 427p)
  • Genre: Procédure policière, espionnage, aventures.
  • Mots-clés: trafic d'armes, enlèvements.
  • Personnage principal: Thomas Lang, capitaine honoraire de la garde écossaise.
  • Biographie de Hugh Laurie: ici et, visuellement, .
  • Résumé: ici,

À mon avis

Il y a des gens comme ça à qui tout semble réussir et il semble que Hugh Laurie en fasse partie. Né en 59 à Oxford, diplômé de Cambridge (archéologie et anthropologie), bon sportif, bon musicien également et organisateur de concerts caritatifs, tombé dans le théâtre et le cinéma quand il était petit, en fréquentant Emma Thompson et Stephen Fry, et maintenant connu à travers le monde à cause de son interprétation du fameux Docteur House, si fascinant à force d'être si détestable. Et bien, ce Hugh Laurie a commis une réjouissante comédie policière (Libération) en 1996, qui a eu du succès mais qui n'a pas été traduite en France avant 2009, parce que son éditeur attendait que la série des House le rende encore plus célèbre. Ce qui n'est pas trop grave quand le contexte est à la blague : autrement, passerait mal le fait qu'il utilise une machine à écrire!

On pense un peu à Exbrayat à cause des situations cocasses, à Montalban parce que Thomas Lang a le côté frondeur et désabusé de Pepe Carvalho, à San Antonio aussi parce que Laurie joue beaucoup avec les mots. Mais, après 20 pages, il n'y a plus de doute : Thomas Lang est le sosie d'Archie Goodwin (Rex Stout), dont je continue à m'ennuyer. Thomas, comme Archie, est le narrateur. Son attitude avec les femmes, son mépris de l'autorité officielle, son goût du risque et son don quichottisme, son délire langagier, tout cela est du grand Goodwin. Une seule différence, mais importante : Goodwin rend des comptes à Nero Wolfe; Lang à personne. Ce qui ne le rend pas plus indiscipliné mais plus vulnérable.

L'aventure démarre sur les chapeaux de roue . Problème captivant dès le départ : pourquoi est-ce si difficile d'informer quelqu'un qu'on nous a offert une grosse somme d'argent pour le tuer? Et ce n'est que le début des bizarreries : se faire tirer dessus par quelqu'un qu'on veut aider, se mettre à dos la police, les services secrets, les terroristes et les antiterroristes, faut le faire! Et c'est sans doute ironique mais ce n'est pas ça qui est drôle : heureusement, parce l'amateur de polar n'y trouverait pas son compte. L'intrigue est donc bien ficelée, même si plutôt abracadabrante, mais c'est la façon de la raconter qui donne l'impression qu'elle est plus légère, comme une aventure de Tintin. Elle parvient toutefois à émouvoir et à inquiéter le lecteur. On s'y prend; elle n'est pas qu'amusante.

Évidemment, Lang a une capacité de récupération inouïe et la chance de se promener avec un lance missile au moment opportun n'est pas donné à tout le monde. A la longue, l'humour caustique de Lang ne suffit plus à tout exorciser; les Nero Wolfe de Stout ne dépassaient pas 250 pages. En se fatiguant, on risque de se perdre un peu parce qu'il y a bien du monde là-dedans et que c'est assez compliqué. Mais, au total, la lecture fait du bien et j'espère que les prochaines aventures de Thomas Lang, annoncées il y a plus de dix ans, finiront par se matérialiser.

Ma note: 4/5