Le club des polarophiles québécois

Toyer (de Gardner McKay)

JH (janvier 2012)


En un coup d'oeil


À mon avis

Mon libraire, habituellement bien inspiré, a eu un Coup de coeur pour ce roman. Peut-être qu'il aime les climats glauques, les états d'âme longuement analysés, les épices sexuelles et les lignes en italiques qui émaillent ce lourd pavé de presque 800 pages. Moi pas.

Gardner McKay, décédé en 2000, a publié ce seul polar. On n'en sait pas plus sur cet auteur. Toyer est un psychopathe qui séduit les belles jeunes femmes et les laisse à l'état végétatif après leur avoir pratiqué une cordotomie cervicale. Quand le roman commence, il est rendu à dix. Elles aboutissent toutes dans le service hospitalier de la neurologue Maude Garance. Quant à la police, elle semble s'en préoccuper fort peu, puisqu'il n'y a pas meurtre. C'est donc Maude, aidée d'une journaliste, qui va mener l'enquête et tenter d'attirer à elle Toyer pour le neutraliser. Cela se fait d'abord par le biais d'une correspondance publique dans le L.A. Herald (puisque Toyer aime bien se donner en spectacle), puis en personne, dans un espèce de ballet toxique où elle semble déchirée entre son attirance sexuelle pour lui et son désir de l'éliminer.

Rien de bien convaincant dans l'illustration de ce pouvoir quasi hypnotique de séduction que Toyer semble exercer sur les femmes (variante du syndrome de Stokholm?). La psychologie de Toyer est assez fouillée et plutôt originale, mais celle de Maude, en revanche, est superficielle et peu compréhensible, donnant davantage l'image d'une pauvre conne que d'une psychiatre compétente. Mais surtout, que de longueurs! Outre la redondance des descriptions des déprédations du Toyer, qui deviennent lassantes, des tas d'intrigues secondaires qui ne mènent nulle part (sinon à des séances de baise) viennent épaissir la sauce, le tout clôturé par une finale ouverte qui laisse bien des questions en plan: qu'arrive-t-il de Melissa? Que va faire la police quand elle va finir par arriver au domicile de Maude?

Je crois que mon libraire, cette fois, en a fumé du bon, comme on dit chez nous ...

Ma note: 3/5