Le club des polarophiles québécois
JH (septembre 2010)
L'auteure est la fille du scientifique Joel de Rosnay et a mené simultanément une carrière de journaliste de la presse féminine et d'écrivain. Le voisin est son dixième roman.
Nous avons affaire ici à un suspense de facture très classique, dans la veine de Hitchcok et de Boileau-Narcéjac. Colombe est une mère de famille, timide et terne, qui mène une vie sans éclat de maman, d'épouse et de correctrice d'épreuves à temps partiel. Traditionnelle et sans relief, engluée dans le confort d'une routine sécurisante. Mais, depuis le déménagement de la petite famille dans un nouvel immeuble d'habitation, elle subit le harcèlement du voisin du dessus, un médecin, qui, on ne sait pas pourquoi, la réveille toute les nuits où son mari est en voyage par une diffusion des Rolling Stones à tue-tête.
L'intrigue est micro-graduée. À travers le quotidien banal et presque dérisoire de Colombe, l'auteure réussit à créer un suspense en exploitant - avec talent, il faut le dire - des petits gestes anodons mais qui prennent un sens menaçant dans une perspective de harcèlement: une brosse à dents déplacée, un parfum étranger dans l'appartement, une alliance égarée et mystérieusement retrouvée. Dans cet univers clos de l'immeuble, on serre d'un cran à chaque chapitre, poussant Colombe au bord de la folie en exploitant sa timidité et sa passivité et en lui faisant perdre le sommeil.
C'est un roman très féminin, qui frise la chick lit par moments. Mais, une fois que l'on admet que c'est un roman de femme analysant de l'intérieur une anti-héroïne féminine, la lecture est plaisante et l'intérêt ne se dément pas, car l'auteure a un talent certain pour créer des ambiances, à petites touches sèches, avec une écriture presque clinique qui rappelle Karin Alvtegen. La seule chose qui, pour moi, prive ce roman d'un 4, c'est la fin, convenue, maladroite et quelque peu bâclée, chargée d'un lourd moralisme à l'eau de rose.
Ma note: 3,5 / 5