Richard Montanari

Funérailles
7
Déviances

Funérailles (de Richard Montanari)

JH (24 novembre 2008)


En un coup d'oeil

  • Date de publication originale: 2007 (Merciless)
  • Date de l'édition française: 2008
  • Genre(s): procédure policière
  • Mots-clés: serial killer, contes de fées
  • Personnages principaux: Kevin Byrne et Jessica Balzano, inspecteurs de la police de Philadelphie.

À mon avis

Richard Montanari est une étoile montante du thriller. Après les succès de Déviances et surtout de Psycho, il poursuit les enquêtes de Byrne et Balzano avec Funérailles. Un bon résumé critique de ce roman se trouve ici.

Après trois romans de ce qui s'annonce une série, Montanari a bien installé ses deux enquêteurs: Byrne, le vétéran cynique qui se demande s'il pourra encaisser encore longtemps les horreurs du métier; et Balzano, la jeune policière, mère d'une petite fille et boxeuse pendant ses loisirs, qui apprend à s'endurcir. Il installe aussi Philadelphie (Philly) comme un nouveau pôle du polar et, comme Los Angeles pour Connelly, la ville, avec ses deux rivières et ses nombreux quartiers, devient une toile de fond vivante.

La spécialité de Montanari, c'est le psychopathe possédé par une obsession et qui organise et ritualise ses meurtres en série autour du thème de son obsession: la religion (Déviances); le cinéma (Psycho); et, ici, les contes de fées. L'intrigue commence donc toujours par un cadavre soigneusement mis en scène et, pendant que la police s'efforce de trouver un fil conducteur, les meurtres se multiplient. On comprend assez tôt dans le roman que les meurtres sont des mises en scène de contes d'Andersen, mais quel sera le prochain? Andersen en a écrit plus de 200! Montanari reprend ici la formule de Psycho (meurtres rappelant des scènes de films célèbres).

Montanari est un bon conteur. Trois ou quatre intrigues secondaires viennent se greffer et s'entrecroiser sur l'intrigue principale, mais ce n'est pas fait gratuitement et toutes les ficelles sont correctement attachées à la fin. On se passerait des réflexions poético-délirantes du criminel, supposées nous faire mieux comprendre sa psychologie tordue, mais bon, ce ne sont que quelques pages à sauter dans une histoire qui tourne rondement. On fait dans le cadavre dégoulinant et dans la mutilation, histoire d'accroître l'horreur et la folie et cela sent un peu la recette.

Mais ne chipotons pas. Malgré ses petites faiblesses, ce roman est soigneusement construit, les personnages sont crédibles - même si quelque peu convenus - et l'intérêt ne se relâche pas. Un bon thriller classique. Et Montanari s'avère un romancier d'une belle constance. Si vous aimez n'importe lequel de ses trois romans publiés jusqu'ici, vous aurez le même plaisir avec les deux autres. Un quatrième de la série Byrne et Balzano (Badlands) vient de sortir en anglais. (Note de février 2010: il est maintenant en traduction française sour le titre de "7" - voir la critique ci-dessous)

Ma note: 4/5


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Funérailles
7
Déviances

7 (de Richard Montanari)

JH (février 2010)

En un coup d'oeil

À mon avis

On retrouve avec plaisir Byrne et Balzano, les deux enquêteurs fétiches de Montanari, déjà évoqués ci-dessus (Funérailles). On se glisse dans leur nouvelle aventure comme dans de vieilles pantoufles. Tous les ingrédients de la recette Montanari se retrouvent dans ce 5e roman: serial killer thématique, qui enchaîne ses meurtres comme une transposition macabre d'oeuvres littéraires ou de performances théâtrales, énigme à résoudre sur la base de cette thématique, montée du rythme à mesure que le scénario criminel approche de son apothéose (mais que le criminel accumule les petites gaffes qui vont permettre à la police de l'épingler); et Philly (Philadelphie, la ville de l'amour fraternel), plus que jamais présente dans le roman, au point que sa topographie même devient ici l'un des éléments clés de l'intrigue.

En écrivant un roman sur l'illusionnisme, Montanari n'atteint pas la maîtrise de Jeffery Deaver (qui a écrit à mon avis l'ouvrage définitif sur ce thème avec L'homme qui disparaît) et, sur le plan documentaire, il reste un peu à la surface des choses. Et l'intrigue est un peu lente à démarrer, le temps de nous faire pénétrer dans la folie du criminel, révélé d'ailleurs très tôt dans le roman, en narrations croisées avec les progrès de l'enquête. Mais une fois les paramètres de l'énigme bien installés, on retrouve le rythme du thriller et l'intérêt habituel des intrigues de Montanari.

Pas un roman parfait, tant s'en faut; pas même le meilleur de Montanari. En fait, j'ai hésité entre un 3,5 et un 4 pour ma note finale. Mais comme je ne voulais pas commencer à m'embarrasser d'un 3,75, disons que mon appréciation des précédents romans de Montanari et mon intérêt pour le monde de l'illusionnisme ont fait basculer ma note.

Ma note: 4/5



Funérailles
7
Déviances

Déviances (de Richard Montanari)

MD (Mai 2011)


En un coup d'oeil

deviances
  • Date de publication : 2005 (The Rosary Girls).
  • Date de l'édition française : 2005 (Le Cherche midi) et 2006 (Pocket, 509 p.)
  • Genre : Thriller
  • Mots-clés : enlèvement, tortures, tueur en série, obsessions religieuses
  • Personnage(s) principal(aux) : Kevin Byrne, inspecteur de police de Philadelphie; Jessica Bolzano, sa nouvelle partenaire
  • Résumé et critique : un peu sévère sur Polar Hardboiled

À mon avis

Jacques Henry a déjà commenté deux romans de Montanari et m’avait donné (ou prêté), il y a deux ans, le premier roman de cet auteur américain, Déviances. Quand je traverse une passe creuse, je n’hésite plus à aller faire un tour de son côté, sur son territoire, pourrais-je dire, car les romans qu’il me recommande font habituellement mon affaire. C’est le cas de Déviances. Dès le départ, je me suis senti dans un roman noir de Val McDermid, particulièrement celui où le tueur met en scène ses meurtres sur le modèle des reconstitutions des tortures célèbres exposées au Musée des horreurs de San Gimignano.

C’est un roman qui nous pose un problème agréable : il faut le lire rapidement parce qu’on veut voir le dénouement; mais, l’atmosphère est si agréable (si morbidement réussie, je veux dire) qu’on se retient pour ne pas en sortir trop rapidement. Les chapitres varient en longueur, déterminant un rythme variable qui joue avec nos nerfs. Les personnages principaux ont une famille, un passé, des amis et des activités personnelles, donc une certaine épaisseur. Le suspense est bien mené, les crimes épouvantables comme on les aime, les victimes jeunes et vulnérables (en principe) et le lien qui les relie n’est pas évident. Même si l’ensemble est cohérent, le lecteur ne doit pas perdre son temps à chercher le criminel : les indices sont insuffisants (pour nous) et, à la fin, quelques habiles rebondissements aboutissent à la capture du tueur dont l’identité est assez décevante. Ne lisez donc pas ce roman comme un Ellery Queen, un Dickson Carr ou quelques Agatha Christie : impossible de déduire ici le coupable. Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de l’enquête.

Des critiques ont reproché à ce polar de reprendre une recette bien convenue : le couple de détectives dont l’appariement n’est pas évident; les problèmes de famille; le méchant très méchant et difficilement prévisible parce que sa cohérence relève d’une logique maladive. Pour ma part, comme je lis peu de polars américains, je n’ai pas trouvé ça trop redondant; et j’ai apprécié qu’un romancier mettre sur la carte la ville intéressante de Philadelphie. Les deux inspecteurs sont croyants et manifestent leur foi même quand ce n’est pas indispensable, ce qui est original, mais peut-être pas hors d’ordre dans un polar qui tourne autour d’une obsession religieuse. Par contre, les visions de Byrne (p. 459-460) m’énervent un peu. Quelques couleuvres m’empêcheront donc de le coter 4.5. Et est-ce pour voir si les critiques le liraient jusqu’au bout que l’auteur (ou le traducteur) commet un malencontreux lapsus à la deuxième ligne de la page 500?

Ma note : 4/ 5