Le club des polarophiles québécois

Deep Storm (de Lincoln Child)

MD (mars 2010)

Voir aussi la fiche 5 étoiles de Jacques sur le duo Preston et Child.


En un coup d'oeil


À mon avis

Faute de nouveau Pendergast, j'ai jeté mon dévolu sur un de ses deux créateurs : Lincoln Child. Dès le départ de cette expédition qui fouille le fond du fond de l'océan, on est saisi par une atmosphère qui rappelle un peu Sphère de M Crichton et Abysses de F Schätzing. J'espérais y retrouver le sens du mystère et les grands espaces, les effets claustrophobiques et agoraphobiques. Disons-le tout net : le mystère, nous l'avons mais, hélas, nous avons aussi le miracle en prime.

Ça prend du temps pour que quelques-uns des personnages nous soient présentés, mais dans un roman assez long on peut se le permettre. Cette structure complexe qu'est le Deep Storm nous est également décrite mais, même à la fin, on continue de s'y perdre. Des problèmes médicaux se multiplient, débouchant sur un suicide et un meurtre, et on craint que le pire ne soit à venir; une idylle se noue lentement; un saboteur entreprend son oeuvre morceau par morceau; des messages cryptés circulent; le disque dur d'un ordinateur important est démagnétisé; plus Crane poursuit son enquête, plus il constate que l'objet de recherche de l'équipe top secret change de nature et qu'on ne sait peut-être même pas ce qu'on cherche.

Il ne manque pas d'éléments pour constituer un thriller captivant. Dans mon cas, cependant, le soufflé n'a pas levé. Non seulement parce que le dénouement décevant révèle à l'amateur désireux de voir une solution rationnelle éclaircir les mystères apparents que nous nous mouvions, en réalité, dans un univers de type X File, mais aussi parce que les personnages sont peu crédibles, les lieux décrits superficiellement, l'action invraisemblable et, finalement, l'ensemble un peu terne. C'est vrai, cependant, que les 100 dernières pages nous excitent car nous nous sentons progresser vers la double solution : la tentative d'évasion et l'identification de ce qui se cachait au fin fond de l'océan. Et c'est là que nous nous apercevons que nous n'étions pas dans un véritable techno-thriller et que tous nos efforts pour comprendre étaient vains. Par contre, ceux et celles qui préfèrent rêver et qui se sentent bien en présence des anges et des extraterrestres apprécieront probablement.

Dans son topo sur Preston et Child, mon collègue Jacques Henry écrivait : C'est probablement Preston qui fournit les assises rationnelles aux romans et les empêche de virer dans la bande dessinée; tandis que Child, qui a longtemps été éditeur d'histoires fantastiques et d'horreur, apporte sans doute le grain de folie et l'imagination débridée qui font la richesse des romans . Pour un passionné de la détection policière raisonnante, ce n'est pas le bon territoire. Je n'ai rien contre l'imagination, mais l'imagination bien tempérée.

Ma note: 3/5